Alors que les Etats-Unis ont ouvert les premiers réseaux mobiles commerciaux 4G LTE fin 2010, l'Europe a pris un gros retard sur cette technologie et ce n'est que depuis mi-2012 et surtout 2013 que les choses s'accélèrent.

Les déploiements sont en cours mais ne concernent encore essentiellement que les agglomérations (et encore, les grandes), laissant les zones rurales presque totalement dépourvues de très haut débit mobile.

Il faudra du temps avant que la 4G soit généralisée sur la zone Europe (cette dernière ne représente que 5% des connexions 4G au niveau mondial), ce qui ne manque pas d'agacer la commissaire européenne en charge des questions de télécommunications Neelie Kroes : " Ce n'est pas ainsi qu'on peut faire fonctionner l'économie. Dans une telle situation, les habitants des zones rurales et les vacanciers sont traités comme des citoyens de second rang. Quelque soit l'endroit où l'on se trouve, lorsqu'on a acheté un appareil et souscrit à un abonnement, cela devrait fonctionner ", affirme-t-elle.

En rappelant que 25% seulement des Européens sont couverts en 4G quand 90% des habitants des Etats-Unis y ont accès, elle souligne l'écart et le retard accumulé qu'avait déjà pointé du doigt la GSMA, association regroupant les principaux opérateurs du monde entier, il y a quelques mois en comparant les situations américaine et européenne et proposant des recommandations pour y remédier.

Un retard à l'impact économique lourd
Au-delà de la question de la qualité de service fournie, c'est celle de l'absorption de la forte croissance de consommation data mobile qui est posée : " dans l'UE, les réseaux sont au bord de l'effondrement. Les communications mobiles devraient connaître une croissance de 66% par an au niveau mondial, les appareils intelligents sont omniprésents et leurs utilisateurs veulent pouvoir y visionner des vidéos. C'est le système tout entier qui est menacé d'écroulement si on ne met pas davantage de fréquences à disposition de ces applications. "

Europe logo pro  Dans le même temps, Neelie Kroes dédouane l'Union européenne (ce qui ne sera sans doute pas du goût des opérateurs, qui fustigent les excès réglementaires) en affirmant que le problème est lié aux régulateurs et gouvernements nationaux dont beaucoup n'ont pas tenu le calendrier prévu, ne donnant pas suffisamment de visibilité aux opérateurs mobiles pour mettre en place une stratégie d'investissement efficace.

" Dès lors, ce sont les utilisateurs qui font les frais de cette situation et l'UE est à la traîne dans la course à la 4G ", constate le communiqué de la Commission. Les attributions de fréquences se négocient en Europe dans un facteur de 1 à 50 selon les pays, avec des droits d'utilisation en moyenne quatre fois supérieurs à ceux pratiqués aux Etats-Unis.

La tentation est grande pour les gouvernements de tirer un maximum de ces attributions, ce qui a des conséquences ensuite sur les capacités d'investissement des opérateurs dans le déploiement des réseaux, ce qui en retour freine les opportunités économiques apportées par la modernisation des réseaux, tandis que les opérateurs, en devant emprunter massivement, se trouvent dans des situations financières délicates.

La Commission européenne indique avoir pris en compte ces problématiques et veut mettre en place une harmonisation plus stricte des octrois de licence mais aussi donner la possibilité de déployer la 4G sur de mêmes bandes dans plusieurs pays simultanément afin de permettre aux opérateurs de réaliser des économies d'échelle.