Oracle voit grand, et loin, en annonçant à mots couverts qu'il se verrait bien lancer sa propre distribution Linux dans un avenir proche. A moins qu'il n'en rachète une.

Larry Ellison, PDG d'Oracle Corporation, est un homme ambitieux, et fait presque figure de patriarche dans une industrie où les patrons changent souvent. Le Financial Times, à qui il a récemment accordé une interview, laisse entendre que Larry a pour sa firme des ambitions encore plus marquées.


La folie des grandeurs '
Bon an, mal an, Oracle est l'un des meilleurs placements boursiers, outre-Atlantique : son cours n'a jamais connu de chute brutale, son nom est rarement (pour ne pas dire jamais) associé à de quelconques scandales, ses logiciels sont appréciés de la clientèle professionnelle, et la firme a les reins suffisamment solides pour ne dépendre de personne lorsqu'il s'agit d'élargir la palette de ses activités. Après des années de quasi-monoculture, Oracle arrive à un tournant de son existence, et Larry Ellison montre le cap. Le PDG ravive par le même coup la rivalité entretenue de longue date avec Microsoft, en lançant un retentissant "Il nous faut un système d'exploitation". Et d'ajouter : "J'aimerais disposer d'une panoplie complète de logiciels. Vous devez avouer que la distribution et le support de Linux ajouterait une corde à notre arc."


Open-source... de chiffre d'affaires
Comme IBM en son temps, Oracle se sert donc du paravent Linux pour afficher son intention de contrer l'hégémonie de Microsoft dans le domaine des systèmes d'exploitation. Comme le fabricant new-yorkais, le leader des applications professionnelles aimerait proposer "son" univers logiciel, où le client se verrait proposer une offre large, globale, et accepterait de se laisser enfermer. Concevoir de A à Z un système propriétaire n'aurait guère de sens, puisque le marché mettrait des années à simplement reconnaître son existence. Reste l'open-source, et Linux. Dans ce contexte, il faut considérer la possibilité d'une personnalisation de distribution(s) existante(s), voire le rachat pur et simple d'une des firmes qui éditent Linux et le diffusent aux professionnels. Deux grands noms viennent alors à l'esprit : Red Hat, le numéro un mondial de la spécialité, et Novell, son numéro deux, pas au mieux financièrement, ces derniers temps.


Mariage de raison

Fidèle à sa stratégie, Oracle ne saurait se contenter d'acheter à l'un de ces poids lourds une distribution, avant de la personnaliser et de la commercialiser sous sa marque : depuis sa création, Oracle s'est enorgueilli de son indépendance, et de sa capacité à concevoir en interne ses propres programmes. Lorsqu'il s'est décidé à se tourner vers l'extérieur pour élargir son offre, il l'a généralement fait sous forme d'acquisitions (Siebel en est un récent exemple), et il se pourrait que l'éditeur procède ainsi cette fois encore. On voit mal Red Hat tomber dans le giron d'Oracle, alors même qu'il commence à gagner la reconnaissance tant attendue. Reste Novell...


Source : Reuters