Cela fait bien longtemps que le site russe AllofMP3 édité par la société MediaServices est dans le collimateur de l'industrie du disque internationale et particulièrement britannique avec en chef de file, le BPI. Le site propose en effet à l'internaute d'acquérir de la musique numérique pour des tarifs 4 à 6 fois moins chers que sur iTunes.


Une affaire complexe
Pour parvenir à de tels prix défiant toute concurrence, l'achat se fait au kilo ou plus exactement dans le cas présent, au Mo. En outre, une politique commerciale qui exclut la présence de Digital Rights Managment a été mise en place. Des arguments qui ont certes de quoi séduire à l'international les consommateurs mais tout n'est pas aussi mirifique que cela semble l'être et pour l'industrie du disque, ces prix cassés s'expliquent principalement par le manque de considération des ayants droit qui ne sont tout bonnement pas rémunérés à l'étranger, même si AllofMP3 a toujours avancé être en adéquation avec la législation russe via un accord de licence passé avec un organisme de gestion de droits russe qui semble néanmoins sujet à caution*.



Si de par sa situation géographique et sous-couvert de sa pseudo licence, AllofMP3 jouissait d'un imbroglio juridique le rendant quasi-inattaquable en Russie (plusieurs procédures abondant dans ce sens ont en tout cas échouées), les choses ont récemment pris une tournure différente avec l'accord de la Haute Cour britannique qui a donné son aval au BPI pour que ce dernier l'attaque en justice sur les terres mêmes de sa très gracieuse majesté. L'avocat général du BPI avait alors déclaré : " Désormais, nous avons l'opportunité de démontrer devant les tribunaux anglais l'illégalité de ce site ", de quoi infléchir sur les décisions russes futures.


Culot tout britannique
Sans attendre le déroulement du procès anglais, le BPI escompte faire pression sur Vladimir Poutine lui-même, alors qu'il va présider le G8 du 15 au 17 juillet dans son fief de Saint-Pétersbourg. C'est ainsi que le président du BPI, Peter Jamieson, a écrit une lettre à la ministre des Affaires Etrangères, Margaret Becket, pour qu'elle fasse part de ses doléances à Poutine. Jamieson demande à sa ministre d'inviter le gouvernement russe à engager les actions nécessaires pour faire disparaître le site AllofMP3 du paysage du WEB.

Une petite piqûre de rappel pour Poutine qui comme le souligne Jamieson, s'était clairement engagé à oeuvrer pour la protection des droits de propriété intellectuelle, gage de l'entrée de son pays au sein de l' OMC.

Misson somme toute délicate pour l'agent Becket qui devra user de tout son flegme.


* AllofMP3 prétend avoir les autorisations de la ROMS (Russian Organization for Multimedia and Digital Systems) qui doit encaisser les droits d'auteur versés par le site et les redistribuer à deux autres organismes ( RAO et RPA ) pour payer les sociétés d'auteurs étrangères type SACEM. La ROMS a cependant confirmé ne plus avoir d'accord avec la RAO.