Un verdict qui en appellera d'autres
Le verdict rendu par le jury démontre bien que les membres qui le constituaient n'ont pas du tout été convaincus par la rhétorique de Microsoft, qui a basé sa défense comme suit :
Lucent, avant son acquisition par Alcatel, aurait tenté de tromper l'organisme américain en charge de la gestion des brevets, l' USPTO, en antidatant un des brevets incriminés afin de faire croire que AT&T Bell Labs; le prédécesseur de Lucent; travaillait sur la technologie MP3 avant son engagement avec Fraunhofer Labs, une institution allemande à la pointe de la recherche.
Seulement, la licence que Microsoft utilise afin de bénéficier de l'usage de la technologie MP3 dans son lecteur Windows Media Player ainsi que dans d'autres logiciels et appareils a été délivrée par Fraunhofer, qui continue de clamer son droit à la propriété conjointe de la technologie MP3.
" Nous pensons que ce verdict est totalement non soutenu par les lois, et par les faits " a déclaré le vice-président et conseiller général de Microsoft, Tom Burt. " Nous allons demander l'assistance de la cour et nous ferons appel si nécessaire ".
" Comme de très nombreuses autres sociétés, grandes ou petites " a-t-il continué, " nous avions cru payer la licence auprès de son concédant reconnu par toute l'industrie : Fraunhofer. Les dommages que nous devons payer semblent particulièrement effarants, quand on considère que nous avons acquis la licence auprès de Fraunhofer pour seulement 16 millions de dollars [...] Nous nous faisons véritablement du souci à propos de cette décision, qui devrait ouvrir la voie à Alcatel-Lucent et lui permettre de poursuivre en justice des centaines d'autres compagnies qui se sont pourtant acquittées du droit d'utilisation de la technologie MP3 auprès de Fraunhofer ".
La riposte
Microsoft est peut-être en train d'essayer de remettre la balle au centre dans l'espoir sans doute de créer une sorte de status quo dans lequel les deux sociétés ne feront alors plus attention à l'usage que chacune fait des technologies de l'autre. Les experts avaient cependant eu peur auparavant vis-à-vis du fait qu'une victoire pour Alcatel-Lucent aurait ouvert la voie à une batterie d'autres procès contre les centaines d'autres utilisateurs de la licence délivrée par Fraunhofer, y compris l'utilisateur le plus important : Apple.
Une autre entreprise française, Thomson, gère en partenariat avec Fraunhofer la principale société de licence des droits mondiaux de la technologie MP3, qui vend les droits aux fabricants de logiciels et autres fournisseurs de contenus qui distribuent ou diffusent alors de l'audio encodé avec la technologie MP3.
Les droits de Thomson concernant les licences MP3 n'ont apparemment jamais été mis en cause par Alcatel-Lucent, même si certains craignent qu'une guerre indirecte entre les deux firmes françaises éclate, avec Alcatel-Lucent qui se préparerait à attaquer les clients de Thomson et de Fraunhofer, et d'autre part les utilisateurs et consommateurs de musique numérique qui pâtiraient directement de cette guerre d'intérêts et de brevets, comme d'habitude, en fait.
