Apple a récemment choisi Intel pour équiper ses nouvelles machines. Même si cela n'apparaît pas au premier abord, AMD n'est pas pour autant mis hors-course. Bien au contraire... selon son vice-président marketing.

Apple Très récemment, la firme à la pomme a abandonné les processeurs PowerPC fabriqués par IBM au profit des processeurs Intel, d'où leur nouvelle appellation MacIntel. AMD n'avait malheureusement pas été convié au mariage, le contrat étant exclusif.

Le français Henri Richard, vice-président de la branche marketing d'AMD, bien qu'il soit un peu déçu de ce choix, révèle dans une interview, accordée à Jean-Baptiste Su, que cet accord sera malgré tout profitable à AMD, mais un peu plus tard :

Mac os x tiger box " Bien sûr ( ndlr : déçu ou non du choix d'Apple ), mais je suis pragmatique. Je n'avais pas les moyens de payer des centaines d'ingénieurs en Inde pour porter Mac OS X sur x86 comme Intel l'a fait. Et puis Steve Jobs a certainement obtenu des prix et des primes préférentielles d'Intel qu'il m'aurait été impossible de proposer de toute façon. L’autre raison de ne pas avoir de regrets, c’est qu'Intel s'est engagé à aider Apple à atteindre les 10% de part de marché du PC ( ndlr : contre environ 3% aujourd'hui ). Ce qui inquiète les partenaires actuels d'Intel, qui voient désormais Apple comme un sérieux concurrent. Imaginez un peu : l'innovation d'Apple en matière de design et de développement logiciel avec les mêmes processeurs que leurs PC et surtout le support financier d'Intel. Les petits constructeurs n'ont plus aucune chance et Dell et HP doivent se poser des questions. C'est donc bon pour AMD. Ces OEMs viendront nous voir car nous leur permettront de battre Intel en matière de performance et de rester compétitif au niveau prix. Enfin, on voit déjà apparaître sur Internet des versions de Mac OS X modifiées pour fonctionner sur n'importe quel processeur x86, dont les puces d'AMD. Alors, Mac sur AMD, avec ou sans la bénédiction de Steve Jobs, ce n'est qu'une question de temps. "

Répondant à l'annonce indiquant que les prochains processeurs Core, attendus pour le second semestre 2006, seront 20% plus véloces que leurs équivalents chez AMD, il répond clairement qu'il s'agit d'un simple coup de publicité :

" D'abord, il est intéressant de noter qu'en attendant l'arrivée en volume de leur nouvelle génération de processeurs, Intel ne parle pas de l'évolution de leurs puces actuelles, aux performances catastrophiques et d'une consommation électrique astronomique. Cela veut dire que pendant plus de six mois, nous avons carte blanche sur le marché des PC et des serveurs. Ensuite, je ne vois pas comment ils peuvent comparer leur prototype avec notre puce actuelle la plus rapide (FX-60), et après déduire que cette puce sera au moins 20% plus rapide que n'importe quelle puce que nous aurons à ce moment. Pour moi, c'est simplement un coup de pub. Donc rendez-vous dans quelques mois, lorsque nos deux nouvelles puces seront disponibles et que l’on pourra vraiment comparer. "

Pour en revenir aux affaires concernant le monopole de la société Intel et ses pratiques anti-concurrentielles,  Henri Richard indique que cela devient illégal à partir du moment où les pratiques en question concernent un marché aussi important que celui de processeurs :

" Rappelez-vous qu'une action peut ne pas être illégale lorsqu’on est une petite entreprise mais peut le devenir en situation de monopole. Ces fonds s'appellent MDF ou fonds de développement marketing, en français. Ce sont des sommes qu'Intel donne à certains partenaires, et qu'ils utilisent ensuite pour payer leur publicité, par exemple. Malgré des règles draconiennes, qui en général ont pour effet de nous écarter du marché, le paiement des MDF est soumis au bon vouloir d'Intel. Car même si vous suivez à la lettre les règles imposées par Intel (utilisation du logo d'Intel, ne pas travailler avec nous, etc...), vous n'êtes même pas certains de les recevoir, comme c'est le cas par exemple d'un constructeur qui témoignera au procès. Ces MDF sont aussi versés aux détaillants pour "acheter" de l'espace sur les étagères. Il est donc difficile, dans ses conditions, de "percer" chez des OEMs comme Dell, Sony ou Toshiba, qui sont encore 100% Intel, ou bien chez certains détaillants qui vivent de ces MDF. Mais cela ne nous a pas empêché d'accaparer plus de 80% des ventes en magasin. Avec beaucoup moins d'argent qu'Intel, nous sommes tout simplement obligés d'être plus intelligent! "
Source : L'Expansion