Le gouvernement britannique envisage de limiter la bande passante, et le cas échéant de couper la connexion à Internet des abonnés qui auront téléchargé illégalement à plusieurs reprises. Après les simples lettres d'avertissement, le Royaume-Uni semble donc vouloir passer à la sanction, à l'instar de la France avec Hadopi 2 qui suit son périple en vue d'une adoption par le Parlement.

Pour légitimer sa peut-être nouvelle politique en la matière, le gouvernement britannique a cité les chiffres d'un  rapport selon lequel plus de sept millions d'internautes au Royaume-Uni téléchargent illégalement de la musique. Un manque à gagner estimé à près de 230 millions d'euros pour l'industrie de la musique. Ces chiffres cités dans un rapport commandé par le Strategic Advisory Board for Intellectual Property Policy font toutefois polémique suite à une enquête de la BBC.

Ces sept millions annoncés issus d'une recherche menée par des universitaires et plus exactement extraits d'une étude de Forrester Research, la BBC n'en a pas trouvé trace. Ce chiffre provient en réalité d'une étude privée menée par une filiale de Forrester, Jupiter Research, pour le compte de la British Phonographic Industry, l'association de professionnels qui représente les intérêts de l'industrie britannique du disque.


De 136 à 7 millions
Mais au-delà d'une origine douteuse, l'estimation en elle-même paraît litigieuse.  Ces 7 millions sont un arrondi de 6,7 millions d'une étude de 2008 menée auprès de 1 176 foyers britanniques connectés à Internet. Pour cette étude, 11,6 % des répondants ont indiqué avoir déjà utilisé un logiciel de partage de fichiers, soit un total de 136 répondants. Pour mieux coller à la réalité, en considérant que tout le monde ne joue pas franc-jeu dans ce type d'enquête, le taux de 16,3 % a été retenu.

Par ailleurs, l'enquête sponsorisée par la BPI s'est basée sur un total de 40 millions d'internautes au Royaume-Uni en 2008. Un total plus élevé que celui fourni par l'Office of National Statistics qui l'évalue pour la même année à 33,9 millions. 

En tenant compte des chiffres de l'ONS et avec le taux de 16,3 %, le nombre de Britanniques qui téléchargent illégalement de la musique tombe à près de 5,6 millions. Avec le taux de 11,6 %, ce nombre descend à 3,9 millions.

Si vraisemblablement plus de 7 millions n'est pas le reflet de la réalité, cela ne veut pas dire que 3,9 millions l'est plus, bien que sans doute plus proche. Le gouvernement britannique prend néanmoins les chiffres qui lui conviennent le mieux pour tenter de faire passer certaines réformes, comme du reste le gouvernement français a pu le faire lors des débats sur Hadopi.

Source : The Register