Samedi, des opposants au traité ACTA ( sur lequel la Cour de justice européenne va se prononcer )ont manifesté dans les rues pour dénoncer un traité liberticide. Nombre d'entre eux portaient le masque de Guy Fawkes, signe distinctif des internautes qui se revendiquent du mouvement Anonymous.

La veille, des membres francophones d'Anonymous avaient réservé une étonnante conférence de presse en ligne à cinq médias : France Info, Le Mouv', Le Parisien, OWNI et la société de production Code 5 Productions. Un exercice délicat pour un collectif qui souligne ne pas avoir de structure hiérarchique.

Via canal IRC, plus d'une centaine d'Anonymous ont tenté de parler d'une seule voix afin d'éclaircir leur image. Aux questions posées, les réponses formulées étaient le fruit d'un débat et d'un vote entre ces Anonymous. Des réponses dès lors forcément consensuelles et un exercice de communication qui a duré plus de cinq heures.

Cette forme de mise au point semblait nécessaire alors que ces derniers temps le message délivré par Anonymous a pu être altéré. Essentiellement la faute à des individus qui brandissent l'étendard Anonymous alors que leurs actions non pas son assentiment. À titre d'exemple, une opération - par ailleurs jugée techniquement impossible - prévue le 31 mars prochain à l'encontre des serveurs DNS racines pour paralyser Internet.

Les Anonymous présents ont également nié toute implication dans de récentes attaques visant des sites d'extrême droit. Ils ont aussi condamné de manière générale les attaques informatiques contre les médias.

Ils ont néanmoins concédé des erreurs. En s'attaquant à des réseaux pédophiles, ils ont reconnu avoir " saboté " une enquête de police. " Nous ne participons plus à ce genre d'opérations à présent, et nous laissons la police faire son travail ".

Ce que les Anonymous ont chevillé au corps, c'est la liberté d'expression et la défense d'un Internet libre : " Internet est né libre et doit le rester ". Les lois ou projets loi du type Hadopi, SOPA, PIPA sont dénoncés comme des censures. Ils prennent fait et cause pour la " justice ", le " respect de la dignité humaine ", le " droit à l'anonymat " et le " respect de la vie privée de chacun ". Un combat qui ne s'applique toutefois pas uniquement à Internet et une action qui passe aussi par la rue.

Du reste, le mouvement semble vouloir ne plus seulement apparaître comme un mouvement de hackers, sans pour autant tomber dans la récupération politique. " Le mouvement gagnant en ampleur, celui-ci veut naturellement gagner en visibilité et se séparer de son image principale de hackers ". Cette conférence de presse était du reste sans doute le signe d'une mutation en cours.