Au lendemain des attentats du 13 novembre dernier, le tribunal de Caen jugeait un jeune Hérouvillais de 18 ans, Yassine, qui avait tenu des propos radicaux sur le réseau social Twitter. Des propos qui faisaient écho aux attentats de Paris et Saint-Denis. Sous le pseudonyme Abou Saïf, il avait ainsi fait référence au bataclan : "90 morts, ptdr la fusillade ! ", ajoutant : "S'il y a une guerre civile, qui me suit ?"

Au moment de son interpellation dans l'appartement familial, il avait également crié "Seul Allah nous jugera !" aux policiers. Pendant l'intégralité de ses auditions avec la police il aura déclaré les attaques terroristes comme "compréhensibles pour venger les frappes aériennes en Syrie, même s'ils n'auraient pas dû faire ça" tout en reconnaissant s'être lui-même "posé la question" d'un départ en Syrie pour mener le Djihad, modérant toutefois ses propos : "Moi je combats par la parole, pas avec les armes."

Une situation ambigüe révélée par l'analyse de son fil de publications sur Twitter. La police a ainsi mis la main sur un profil inquiétant multipliant les appels au Djihad, à l'a loi du Talion... Au total, trois comptes différents étaient utilisés par le jeune homme qui multipliait également les messages antisémites. Sur ses appareils électroniques, les enquêteurs ont également mis la main sur des documents pro Etat Islamique et des photos de lui, AK47 à la main.

Yassine avait également proféré des menaces à l'égard d'Hassen Chalgoumi, imam de Drancy reconnu pour être modéré. Une plainte avait d'ailleurs été déposée, mais le parquet antiterroriste de Paris comme la DGSI n'avaient pas jugé une interpellation utile.

Lors du procès, le jeune homme a basé sa défense sur le fait qu'il jouait un personnage : "C'était un délire, je m'inventais une vie, un personnage sur Twitter. En détention, j'ai pu réfléchir et j'ai compris que je ne connaissais pas bien ma religion".

Un "délire" qui dure depuis bien trop longtemps pour n'être qu'un simple coup de tête selon la procureure de la République de Caen qui a requis une peine de trois ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve. Une réquisition suivie par le tribunal.