Si le procès qui se déroule pour départager Apple et Samsung sur des droits de licence et de propriété du design des appareils mobiles représente des enjeux économiques énormes, les moyens et l'argumentation proposée par les deux camps auront été également hors de proportion.

Dans cette affaire où les évidences sont rares et les faits largement soumis à interprétation, tout aura été bon pour tenter de gagner le jury à sa cause. De très nombreux documents ont été produits, avec un cortège de témoins, pour étayer des accusations aussitôt contrées par autant de pièces et témoignages amenant un autre point de vue.

La juge Lucy Koh, qui supervise le procès, a dû rappeler à l'ordre à plusieurs reprises les avocats des deux parties et a rejeté divers points des argumentations arrivés trop tard pour être pris en compte mais que les deux sociétés auraient pourtant bien porté à la connaissance des jurés, même indirectement.


Trop, c'est trop
apple_logo  Elle a également une nouvelle fois demandé aux CEO des deux sociétés de tenter de trouver un accord amiable dans une affaire qui s'annonce à haut risque pour les deux camps. Dans ce climat quelque peu tendu, la fin de la période de présentation des argumentations incite les deux sociétés à redoubler d'efforts pour produire leurs éléments.

En voyant la longue liste des témoins réclamés par les deux groupes dans le court délai restant, et les nombreuses objections du camp adverse pour chacun d'entre eux, la juge Lucy Koh n'a pu réprimer un mouvement d'humeur en direction des avocats : " à moins que vous ne soyez en train de fumer du crack, vous savez pertinemment que ces témoins ne pourront être appelés à la barre ".

Ce qui a conduit l'avocat d'Apple Bill Lee à défendre sa liste : " d'abord, je ne fume pas de crack, je peux vous rassurer sur ce point ", indiquant que même si tous les témoins ne peuvent être entendus, la plupart peuvent l'être, Apple ayant fait en sorte de calibrer leur temps de témoignage pour qu'ils puissent tous passer.
Une affirmation qui n'a pas été du goût de la juge, agacée de devoir encore perdre du temps sur ces aspects annexes.


Débat sur les compensations financières
Et dans les dernières heures de cette partie du procès, c'est maintenant sur la question de l'évaluation des dommages et compensations que le débat se porte, Samsung affirmant que l'estimation  produite par Apple est fondée sur une valeur arbitrairement élevée des marges de profit de Samsung. Apple la situe à 35,5% quand Samsung affirme qu'elle ne dépasse pas 12%.

De son côté, Samsung évalue à plusieurs centaines de millions de dollars les droits de licence dont devrait s'acquitter Apple si la société est reconnue coupable de violation de brevets, quand la firme de Cupertino estime ces droits à quelques dizaines de millions de dollars, estimant que la violation de brevet, si elle est validée, n'intervient que dans certains cas limites de l'utilisation de ses produits mobiles.