La mutualisation des infrastructures télécom entre opérateurs est un sujet dans l'air du temps - et une réalité dans certains pays - qui s'impose de plus en plus nettement dans un contexte économique devenu plus difficile.

L'arrivée de Free Mobile début 2012 a bousculé les modèles économiques et imposé des réorganisations face à une demande devenue très attentive au prix et adepte des forfaits sans engagement qui, comme leur dénomination l'indique, réduisent les situations de rente en plus d'avoir fait chuter significativement les prix des forfaits.

Face à ce nouveau paysage télécom, les acteurs les plus durement touchés ont évalué les possibilités de rapprochement entre concurrents d'hier pour tenter de former de nouvelles entités synergiques. Cependant, la crainte de la constitution d'opérateurs monopolistiques a conduit Bruxelles et les régulateurs nationaux européens à placer les fusions entre opérateurs sous contrôle étroit, au contraire d'autres pays comme les Etats-Unis où les rapprochements se font plus facilement (sauf directement entre les trois plus gros acteurs).

Une façon de contourner cette problématique tout en essayant de rassembler les forces de deux opérateurs passe par la mutualisation des infrastructures, qui laisse chaque opérateur maître (en principe) de sa destinée tout en assurant le partage des énormes investissements nécessaires à l'amélioration des réseaux existants et à la construction des réseaux de nouvelle génération.


Vigilance sur l'étendue de la mutualisation
  Arcep  C'est cette voie, susceptible de présenter moins d'obstacles (voire de refus) réglementaires qu'explorent les opérateurs SFR et Bouygues Telecom. L'Arcep, régulateur national des télécommunications, annonce dans un communiqué qu'elle " prend acte des négociations " et attend maintenant de pouvoir étudier le projet final.

Si elle indique qu'elle vérifiera la conformité du projet avec les cadres législatif et réglementaire, l'Autorité rappelle aussi qu'elle y est favorable et l'a signifié lors de l'attribution des licences 4G, sous certaines conditions.

Elle rappelle notamment que "l'accord devra permettre, à la fois, aux opérateurs de rationaliser leurs coûts, tout en maintenant des conditions de concurrence satisfaisantes, et aux utilisateurs de disposer d'un meilleur service sur l'ensemble du territoire."

L'Autorité de la Concurrence s'était elle aussi montrée favorable à une mutualisation des ressources mais en préconisant une mutualisation des installations et non des fréquences mobiles, pour limiter le risque de diffusion d'informations sensibles entre opérateurs et écarter la tentation d'une entente sur les stratégies commerciales au détriment des consommateurs.

Si elle est validée, cette initiative pourrait permettre aux deux opérateurs de mieux résister à l'arrivée de Free Mobile sur la 4G, alors que le quatrième entrant n'a encore rien dévoilé de sa stratégie mais fait planer le bruit d'une offre de rupture et déploie ses sites 4G.