Telephone Souvenez-vous, le 3 avril 2006, l'historique numéro 12, les renseignements téléphoniques, du groupe France Télécom a disparu dans le cadre de l'ouverture du marché à la concurrence et cédé la place à une pléthore de numéros en 118. Si de nombreuses entreprises se frottaient déjà les mains à l'idée d'un nouveau marché à exploiter, un grand nombre d'entre elles en sont assez vite revenues.


26 numéros, rien que ça !

Le jour J, 24 nouveaux numéros ont ouvert le bal. Certains ont disparu peu de temps après ( Free et son numéro 118 818 ) et d'autres sont apparus ( Orange et son 118 700 ), mais globalement ce nombre n'a guère changé. Nous en comptons 26 à l'heure actuelle, dont quatre meneurs qui accaparent la quasi totalité du marché, laissant aux autres quelques miettes.

Selon les estimations :

  • 118 218 ( Le Numéro ) : 40 % du marché
  • 118 712 ( Orange ) : 30 %
  • 118 000 ( Telegate ) : 15 %
  • 118 008 ( PagesJaunes ) : 10 %
  • Les autres numéros : moins de 5 % du marché.

Fuite des clients au profit d'Internet

Cependant, mêmes les meneurs ont vite déchanté. En effet, ce changement brutal a fait fuir les consommateurs qui se sont retrouvés face à un nombre important de numéros et ont eu peur d'appeler des numéros surtaxés. Nombre d'entre eux se sont par conséquent tournés vers Internet qui présente pour sa part l'avantage d'être gratuit. L'ARCEP ( Autorité des Communications Électroniques et des Postes ) comptait ainsi seulement 160 millions d'appels vers les numéros de renseignement en 2006, contre 270 millions en 2004, soit une baisse de 40%.

Philippe Vidal, directeur du 118 712, estimant avoir atteint son objectif, indique : " Très vite les parts de marché se sont figées, dès avril, et ceux qui ont raté le démarrage ne s'en sont pas remis. On était déjà sur un marché en décroissance, celle-ci s'est accélérée. "

Valérie Schwartz, directrice du 118 008, déplore : " Nous sommes déçus, mais je regrette que l'image des 118 ait été battue en brèche dès leur arrivée, ce qui n'est pas pour rien dans la chute du marché. "

Le portail en ligne PagesJaunes.fr en a visiblement profité, puisqu'il a connu une forte progression de ses visites qui sont passées de 538 millions en 2005 à 720 millions en 2006, soit une croissance de 34%.

Jean-Marie Guille, directeur des annuaires en ligne PagesJaunes : " Il y a probablement un effet 118 car tous ceux qui ont abandonné le 12 se sont rabattus sur Internet, mais cela n'explique pas en totalité le succès qu'on a connu : le marché des renseignements a perdu 100 millions d'appels alors que nous avons gagné 200 millions de visites. "


Malgré des investissements publicitaires très lourds pour certains
Charles Tonlorenzi
, PDG du 118 000, indique : " L'argent dépensé correspond à une année de chiffre d'affaires du marché. "

Bruno Massiet du Biest, patron du 118 218, insiste : " C'était le prix à payer pour réussir notre entrée sur ce marché. "

Valérie Schwartz, directrice du 118 008 : " La bataille publicitaire a été hors de proportion : pour un marché trois fois plus faible qu'en Grande-Bretagne, il s'est dépensé deux fois plus. "

240 millions d'euros en publicité ont ainsi été investis en 2006 :

  • Le Numéro : 65 millions
  • Telegate : 43 millions
  • PagesJaunes : 42 millions
  • France Télécom : 41 millions

Nous en viendrons presque à regretter l'historique 12. En effet, quoi de plus simple à retenir...