Sale temps pour les entreprises américaines dans le domaine des nouvelles technologies : quelques grands noms se sont faits prendre la main dans le pot de confiture, à  l'image d'Apple, mais aussi de Broadcom, Rambus ou Juniper Networks. Que du beau linge, mais dans de sales draps...


Prendre les gens pour des pommes...
Nous vous avons déjà relaté les démêlés d'Apple Computer avec la SEC (Securities Exchange Commission), l'autorité de régulation boursière américaine. Il est désormais question pour cette dernière de suspendre purement et simplement la cotation du titre Apple au NASDAQ, ce qui finalement pourrait bien arranger la firme de Cupertino, et lui éviterait de voir son action dégringoler, si les rumeurs de désastre financier se faisaient —encore— plus persistantes. La raison d'une telle démarche, rarissime, il est vrai, tient dans le retard (que d'aucuns disent intentionnels) qu'Apple a pris lorsqu'il s'est agi de publier ses résultats financiers trimestriels pour les quatrième, cinquième et sixième mois de cette année. Le tout devrait être rassemblé sur un formulaire baptisé 10-Q, et transmis à la SEC dans les délais les plus brefs. Apple a visiblement oublié de remonter son réveil, et la SEC le menace désormais de suspendre la cotation de son titre, ce dans l'interêt des petits porteurs.

Apple est soupçonné d'avoir trafiqué ses déclarations fiscales depuis 2002 pour masquer les sorties de trésorerie inhérentes au paiement de stock-options à d'anciens employés, ou des prix de rachat desdites options artificiellement abaissés en anti-datant les documents de cession. Du coup, le constructeur californien se retrouve dans l'oeil du cyclone. Le délai imparti par la SEC ne permettait visiblement pas de rectifier les documents à temps, et Apple, conscient de la pénalité encourue, à néanmoins décidé de passer outre. Les dernières déclarations fiscales d'Apple faisaient état d'un profit net de plus de 472 millions de dollars US au premier trimestre 2006, mais il est fort probable que ces chiffres seront corrigés. Prévoir comment les marchés financiers prendront la nouvelle requiert des talents divinatoires que votre serviteur ne possède pas...


Effet boule-de-neige
Broadcom, et dans une moindre mesure Rambus, sont dans le même cas qu'Apple. Eux aussi ont dû jongler avec les chiffres pour satisfaire à la fois leurs actionnaires, les marchés financiers et leurs propres employés, mais le grand écart a eu raison de leur santé. Broadcom, par exemple, doit revoir intégralement sa déclaration fiscale pour l'année 2005, et n'a même pas encore pu publier de situation au premier semestre 2006. Du coup, la firme californienne a été obligée de faire savoir officiellement à la SEC qu'elle aurait un peu de retard, et qu'elle accepterait les sanctions sans sourciller. Idem, à peu de choses près pour Rambus, contraint de refondre ses déclarations pour les trois dernières années, mais qui ne fera de déclaration officielle qu'à l'issue d'un audit actuellement mené dans ses murs.

Juniper Networks semble un peu moins mal lôti que ses petits camarades, car les doutes, en ce qui la concerne, ne couvrent qu'une partie de l'exercice fiscal 2005, et imposeront donc une simple opération de régularisation. Les années fiscales 2003 et 2004 pourraient cependant être reconsidérées à leur tour, plus tard dans l'année. Là encore, un audit est en cours, et l'entreprise garde le silence en attendant ses premières conclusions.

Au delà de ces cas emblématiques, ce sont des centaines d'entreprises américaines de toutes tailles qui sont concernées par ce scandale naissant. Différent dans les faits de celui, très médiatisé, d'Enron, il relève pourtant de la même nécessité, outre-Atlantique, de ménager en permanence la chêvre et le chou.

Ne me demandez pas qui est qui...