La technologie évoquée par les chercheurs chinois ces dernières semaines a de quoi soulever l'intérêt des scientifiques et ingénieurs, mais également des états potentiellement en conflit avec le pays. En disposant d'une technologie permettant à des sous-marins de dépasser la vitesse du son, la Chine pourrait également disposer d'armements comme des torpilles capables de rallier Shanghai à San Francisco en 100 minutes à peine.

supercavitation-diagram-640x475  L'avancée des chercheurs chinois prend pour base un concept développé par les Soviétiques dans les années 1960 : la supercavitation.

Sans aller trop loin dans les notions de mécaniques des fluides, l'eau est un milieu dans lequel il est particulièrement complexe d'évoluer principalement par les forces de frottement et de trainée qui ralentissent les corps en mouvements. Comparée à l'air, l'eau est plus dense, plus visqueuse, et pour s'y déplacer à vitesse égale, il faut déployer énormément plus d'énergie. Une énergie dont ne disposent pas les torpilles en grande quantité, et qui a amené la Russie à explorer le supercavitational-torpedo-tech-640x442  phénomène de supercavitation : une tête génère du gaz chaud qui fait se vaporiser l'eau autour du corps de l'obus qui réduit d'autant le frottement et permet à la torpille d'accélérer avec peu d'énergie.

Gràce au phénomène, les torpilles jusqu'alors limitées à une vitesse de déplacement de 75 km/h peuvent atteindre les 370 km/h, de quoi toucher une cible sans lui laisser le temps de dévier sa trajectoire.

Actuellement, les seuls pays à disposer de telles torpilles sont l'Iran ( qui a certainement repris le principe de la torpille Shkval Russe ) et l'Allemagne.

La Chine reprend le principe en y apportant quelques modifications, notamment la contrainte du phénomène : les torpilles doivent être lancées à une vitesse initiale de 100 km/h pour que la bulle de gaz se forme. Les chercheurs ont ainsi développé une membrane liquide qui réduit la friction à faible vitesse. Le liquide est constamment diffusé sur le sous-marin à mesure qu'elle est balayée par l'eau lors du déplacement, et une fois que le véhicule a atteint sa vitesse idéale, la supercavitation fait son effet.

En théorie, la supercavitation pourrait permettre d'atteindre une vitesse supérieure à celle du son, soit, dans l'eau, une vitesse de 1482 mètres par seconde, soit 5335 km/h. Des sous-marins ou torpilles équipées de cette technologie pourraient ainsi frapper n'importe quelle côte en quelques heures à peine.

Malgré tout, la mise en oeuvre de la supercavitation pour un dispositif de la taille d'un sous-marin reste complexe, et quand bien même, le développement d'un moteur capable de tenir une vitesse aussi importante sur de longues distances est également un véritable obstacle.

La Chine évoque toutefois des applications possibles dans le domaine civil, notamment le transport ou même les compétitions de natation par la création de combinaisons capables de produire des bulles d'air limitant le frottement du nageur dans l'eau.

Source : ExtremeTech