Selon DFC Intelligence, les chiffres parlent d'eux-mêmes : jusqu'en 1999, apogée du marché du jeu vidéo sur PC, pas de problème. Puis en 2000, c'est le début de la chute. Oh, pas à pic, plutôt une baisse, mais une baisse régulière, constante, inquiètante. Comment un marché en apparence si dynamique a-t-il pu tant perdre sans que personne ne s'en alarme'

Les chiffres du marché américain* :

  • 1998 - $1.8 milliard
  • 1999 - $1.9 milliard
  • 2000 - $1.78 milliard (84.9 million d'unités)
  • 2001 - $1.75 milliard (83.6 million d'unités)
  • 2002 - $1.4 milliard (61.5 million d'unités)
  • 2003 - $1.2 milliard (52.8 million d'unités)
  • 2004 - $1.1 milliard (45 million d'unités)
  • 2005 - $0.95 milliard (38 million d'unités)

L'explication est à la fois simple et peu évidente : la 3D. Pour une jeune société actuelle, développer un jeu implique un graphisme à la hauteur, faute de quoi le jeu ne sera de toute façon pas rentable (hors niches type wargames). Les joueurs n'en voudront pas, même si c'est le meilleur jeu du monde. Impitoyable mais c'est comme ça.

Donc il faut bien souvent à l'éditeur mettre la main au portefeuille et de trouver une équipe qui ait un moteur correct sous la main, ou encore acheter une licence plus ou moins chère (celles de Doom III ou Unreal 3.0 valent au moins un million de dollars). La marge de manoeuvre est déjà sérieusement réduite.

Quand on en arrive au problème éternel du PC, avec ses configurations à géométrie variable, les coûts de développement grimpent en flèche et deviennent de plus en plus risqués, surtout dans un contexte difficile. Conclusion : les editeurs se servent de plus en plus du PC comme plate-forme de test pour leurs moteurs, en vue de portage pour le marché consoles, bien plus confortable. On n'ose imaginer à l'arrivée des MMORPG.

Sachant qu'alors ce sont les licenses qui pèsent sur le budget, on se rend compte que la charge de risque des coûts à été sournoisement déportée depuis les fabricants de consoles, pourtant à priori plus solides, sur les développeurs. C'est à dire sur ceux-là mêmes qui conçoivent ce qui est le coeur de ce métier : les jeux !

Sans tenir un discours à la Arlette Laguillier, il faut bien que tout le monde y gagne, une fois de plus les excès du néo-libéralisme vont tuer un lieu de (semi-) liberté pour imposer le tout-business à tout le monde. Dommage...

* MMO et online exclus