Dell, comme d'autres, est dans la tourmente : ses finances sont sur le point d'être examinées avec un microscope par les autorités financières et judiciaires américaines, et il a tant tardé à soumettre ses déclarations fiscales semestrielles qu'il encourt une suspension de la cotation de son titre à la Bourse de New-York.


"Tout va bien, je vais bien..."
C'est Michael Dell en personne qui l'a annoncé, à l'occasion d'une présentation à la presse à New-York : non seulement il renouvelait sa confiance à Kevin Rollins, PDG de l'entreprise qui porte son nom (Dell est président du conseil d'administration de la firme qu'il a fondée en 1984 sous le nom de PC's Limited), mais il reconnaissait sans équivoque que l'éventualité d'une suspension de la cotation du titre Dell au NASDAQ était tout à fait d'actualité. Quelques minutes auparavant, le même homme annonçait, triomphant, la reconduction pour cinq ans du partenariat qui lie sa société à EMC Corporation, un des leaders dans le domaine de la gestion du stockage de données en réseau.

A propos de Rollins, Dell disait qu'il est "un patron exceptionnel", et ajoutait que le fait d'imputer à ce seul homme les problèmes rencontrés par la premier constructeur mondial de PC était "infondé et injuste." Il concluait par ces mots : "Si vous voulez absolument blâmer quelqu'un, vous pouvez aussi vous en prendre à moi, car Kevin et moi gérons la boîte de concert. Nous sommes épaulés par une équipe soudée, et notre compagnie continuera de croître et de prospérer." S'il ne s'agissait pas là de l'avenir d'une entreprise qui pèse plus de 100 milliards de dollars US de capitalisation boursière, avec un chiffre d'affaires annuel supérieur à 25 milliards de ces mêmes dollars, on pourrait croire qu'il y a de la méthode Coué dans l'air, mais Michael Dell n'est pas homme à prendre une possible suspension de cotation à la légère. Il n'a simplement peut-être pas le choix...


La malédiction des stock-options
Comme d'autres avant lui, Dell a dû revoir sa documentation fiscale, notamment en raison de jeux d'écriture un peu hasardeux concernant des stock-options versées à d'anciens employés et cadres de l'entreprise au cours des trois dernières années. Du coup, la situation semestrielle que chaque firme côtée au NASDAQ doit fournir à la SEC (Securities Exchange Commission, l'autorité de régulation boursière américaine) prenait du retard, au point de ne plus respecter les délais impartis. Comme les autres entreprises concernées par ce scandale en devenir, Dell a choisi d'appliquer la méthode du "Mieux vaut demander pardon que la permission", et garder pour lui ses documents fiscaux jusqu'à ce qu'il ressemblent enfin à quelque chose... de légal. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Dell est également sous le coup d'une enquête dilligentée par les autorités fédérales américaines pour de possibles malversations, avec de grosses amendes à la clé, sans même parler d'éventuelles peines de prison pour ses dirigeants. Comme on le voit, la suspension de la cotation du titre Dell au NASDAQ n'est pour l'instant qu'un moindre mal.

Une telle occurrence est de toute façon très codifiée, et doit suivre une procédure longue et complexe avant d'être officialisée. Maintenant, si on y ajoute le rappel de plusieurs millions de batteries pour PC portables (fabriquées par Sony, pour mémoire), la température monte d'un cran.

Voire de plusieurs...