Présentation

Après un El Matador à la réalisation mitigée, c’est au tour de l’équipe de développement Silverback Studios avec Made Man de s’attaquer à la catégorie des jeux de tir à la troisième personne, où la série des Max Payne y est reine. En parlant de ce dernier, l’histoire de Made Man s’y approche doucement mais se focalisera plus sur le milieu de la pègre new-yorkaise. Dans la peau de Joey Verola suite à la rencontre durant la guerre du Vietnam d’un chef de cartel dénommé Johnny Bongo, notre Joey se laissera séduire pour devenir un homme de main ou plutôt un tueur implaccable presque aussi sadique que son compère Codename 47 (Hitman).


Revivez les aventures de Joey Verola au cours d'une discussion

Une histoire banale d’un sale type me direz vous mais Silverback Studios nous propose un brin d’originalité en nous permettant de revivre les péripéties de Joey Verola à travers différents flash back. Au volant  d’une caisse sillonnant les rues de Brooklyn, notre personnage se livre et raconte sa vie de pourri nous plongeant immédiatement dans une des missions présentant un moment de son histoire. Pour ficeler proprement le scénario, Silverback Studios novice en la matière a fait appel à l’auteur David Fischer et à un vrai mafieux repenti Bill Bonanno. Un nom de famille associé à tous pleins de déboires durant les années 60 à Brooklyn. Vous l’aurez compris, l’équipe de développement ne blague pas avec le background mais pour le jeu en lui-même qu'en est-il vraiment '

De l'action immédiate

A l’entame de la première mission, le décor est planté. Aux commandes de Joey Verola, il va falloir faire parler la poudre. Le bar pourtant paisible en apparence est pris d’assaut par une bande de jeunes ripoux qui vont le regretter amèrement. Mon 6 coups ne demande qu’à pourfendre les têtes balafrées de mes adversaires. A ce niveau, les ennemis seront légions et les occasions ne manqueront pas pour orchestrer de véritables boucheries dont le réalisateur de Platoon lui même en rougirait. A ce propos, l’arsenal mis à notre disposition en début de jeu se résume au strict minimum mais par là suite, le jeu s’étoffe d'armes automatiques et puissantes nous laissant exulter à travers une voix raugue : "BOOM Headshot".

Made Man 04 Made Man 03

Niveau gameplay, on se retrouve avec des contrôles très classiques et simplifiés au maximum. Peut-être un peu trop puisque Joey Verola, pourtant considéré comme un tueur hors pair ne pourra effectuer le moindre saut. Un oubli sûrement des développeurs. Heureusement, les niveaux ont été adaptés pour nous éviter le moindre effort physique. On compensera ce léger défaut par le fait que Mr Verola pourra se servir du décor pour se mettre à couvert et tirer tranquillement. Une fois protégé par un obstacle, on assiste alors à un banal jeu de tir sans rappeller nos dernières sensations de fête foraine sur les stands de tir, sauf qu’ici les ballons ressembleront à des bonnes têtes de malfrats. Une idée sympathique dont les développeurs ont malheureusement abusé pour offrir des niveaux d'une simplicité enfantine, souvent enchevêtrés de caisses et autres pans de murs où la mise à couvert ne necessite pas de grande réflexion. Pire encore, l’intelligence artificielle des adversaires rencontrées frôlent dans certains cas la dérision.

Made Man 05 Made Man 06

A ce niveau, le jeu perd énormément de sa saveur passés les premiers gunfight sanglants. Effectivement, une fois à l'abri les ennemis ne bougeront pas et laisseront leurs têtes dépasser (comme c'est etrange...). On se retrouve alors dans un jeu à la Time Crysis où l’impression d’avoir des images fixes et des cibles monocéphales à dézinguer est omniprésente. Surtout, n'attendez pas que vos ennemis viennent vous déloger, ils se contenteront seulement de vous faire face et ils iront même parfois se mettre dos à vous (phénomène sûrement dû à une ligne de code échappée par un développeur ventilée à la Vodka.) Plus les minutes passent et plus la pseudo intelligence des malfrats nous blasent tant elle en est vide de sens. En passant, on parle d’ennemis mais les quelques rares coéquipiers de notre gang venu nous épauler se feront aplatir comme des crêpes ou resteront comme des potiches attendant que notre personnage avance à découvert pour lancer le script de leurs comportements misérables. Silverback Studios nous offre le summun en matière d’intelligence artificielle dont l’intelligence n’a que le nom…

Perséverons, il le faut...

Les missions se succèdent et la progression devient de plus en plus lassante au vu de la répétitivité de l’action. Heureusement, des petites missions moins urbaines, comme le séjour au Vietnam de Joey, nous permettront de prendre l'air à travers une jungle malgré tout toujours aussi restreinte en matière de liberté. Si c'est vrai qu'une petite musique agréable vient agrémenter notre chevauchée, la bande son en général est très pauvre, se limitant avec plus ou moins 5 titres reconnaissables. Bien trop peu quant on sait que le jeu compte 17 missions au total.


On peut remplir sa barre de "bullet time" en achevant nos victimes

Le contenu lui-même vous occupera pendant quelques petites heures à sillonner les rues de Brooklyn. Comptez pour les plus curieux d’entres vous et les plus méticuleux, un total de 10 heures pour faire le tour de cet opus dans toute sa largeur. Après cela, même les plus tenaces n’iront  pas s’aventurer à reprendre le jeu une deuxième fois au vu de l’IA complètement scriptée qui ne vous réservera plus aucune surprise si ce n’est de vous surprendre à nouveau par son incohérence. Vous l’aurez compris la durée de vie de Made Man sera très courte  et j’entends des chuchotements au fond me disant que finalement ce jeu n’a pas grand  chose à offrir hormis son scénario. Vous n'aurez pas totalement tord...



Une version PC qui tombe à l'eau...

Dans un dernier soupir, Made Man tente de m’accrocher avec quelques petites features assez agréable. En plein combat, on pourra remplir notre barre de bullet-time et récupérer de la vie en supprimant une victime à terre via une légère cinématique utilisant le moteur du jeu. Le même moteur adapté de la PS2 à la version PC sans aucun changement. Il va s’en dire que comparé aux dernières réalisations actuelles, la qualité globale de Made Man reste correcte pour un jeu console ancienne génération mais médiocre pour un portage sur PC. Non ne cherchez pas dans les options, les réglages sont de l’ordre du minimum syndical. Dommage…

Galerie d'images










Verdict

Made Man, à l’histoire intéressante, aurait pu être un excellent jeu. Malheureusement, passée la première heure, les défauts sont trop importants pour laisser parler le gameplay pourtant très intuitif. La répétitivité de l’action, l’IA larvesque sans compter des niveaux linéaires, beaucoup de gens risquent de s’en défaire rapidement. Dommage, Made Man nous taquine bien les premiers instants mais notre fougue s’estompe rapidement au fur à mesure de notre progression.

Certes le jeu est à moins de 40 euros mais pour une durée de vie approximative de dix heures et ses nombreux défauts, on ne pourra conseiller ce jeu qu’aux joueurs en mal de gunfight. Dans tous les cas, ne vous attendez pas à un hit en puissance mais plutôt à un Max Payne du pauvre. Forcément, lorsqu’on voit l’effort apporté par le studio de développement au niveau de l’histoire, on se sent un peu trahi vis-à-vis de la réalisation si fade pour ne pas dire médiocre…

Sortie le 1er décembre 2006 sur PC et PS2.

+ Les plus

  • Scénario original
  • Action immédiate

- Les moins

  • IA risible
  • Visuellement pauvre
  • Niveau linéaire