Le tribunal de Caen a rendu sa décision et a ordonné que le dispositif d'alerte professionnelle mis en place dans la société Benoist Girard soit suspendu. Dans sa décision, le juge a estimé selon des propos rapportés par l'AFP que :  

" La configuration internationale du site permet de dénoncer anonymement des faits qui ne concernent pas seulement des faits de corruption ou de malversations... mais aussi des sujets d'ordre général regroupés par exemple sous la catégorie 'autres sujets' d'inquiétude, qui autorisent une dérive dans la délation contraire à la loi informatique et liberté de 1978. "


Actualité publiée le 30 octobre :
EthicsPoint est le genre d'application qui peut bien vite instaurer un climat de suspicion dans une entreprise. Son but affiché est " d'assurer la possibilité de communiquer à la direction " d'une entreprise, les " problèmes et préoccupations relatifs à des activités contraires à l'éthique ou illégales ". Autrement dit et de manière plus claire, de la dénonciation via Internet entre collègues de travail, et sous couvert d'anonymat.

Cette solution venue d'Amérique a traversé l'Atlantique pour être mise à contribution par le fabricant d'implants et de prothèses orthopédiques Benoist Girard, une filiale de la société américaine Stryker. EthicsPoint est confronté à l'opposition syndicale de la CFDT.

Le syndicat met notamment en avant la position de la CNIL selon laquelle pour les dispositifs d'alerte professionnelle ( ou whistleblowing ), " l'anonymat n'est possible que de manière exceptionnelle ", rappelle la CFDT. Autre problème souligné avec des champs de dénonciation autorisés par la CNIL ( questions financières, corruption ) qui peuvent être outrepassés via l'accès à des formulaires belges ou canadiens où il peut être question " d'abus de stupéfiants " par exemple.  

Le tribunal de grande instance de Caen rendra sa décision début novembre. Une décision de justice sur un cas similaire impliquant Dassault devrait permettre de fixer une jurisprudence sur les dispositifs d'alerte professionnelle, estime Libération. Selon le quotidien, près de 1 300 entreprises en France ont recours à un tel dispositif, pour la plupart des filiales de groupes américains soumis à la loi Sarbanes-Oxley.