"Crime" virtuel, "couperet" réel.

Le journaliste dont l'identité avait été révélée par Yahoo! aux autorités chinoises, va passer 2 ans derrière les barreaux. Li Yuanlong, journaliste au Bijie Ribao, a été condamné à deux ans de prison et déchu de ses droits civiques pour une période équivalente par le tribunal intermédiaire de la ville de Bijie (province du Guizhou - Sud-Ouest). Inculpé d' "incitation à la subversion de l’Etat” pour avoir publié des articles sur Internet, ce cyberdissident avait été jugé en mai 2006 mais le verdict n’a été rendu que le 13 juillet. Les autorités provinciales l’avaient forcé à rédiger ses “confessions” en prenant sa famille en otage.

Sur 64Tianwang, son avocat, Li Jianqiang déclare que “ce verdict ainsi que la procédure juridique dans son ensemble sont complètement insensés. Le tribunal de Bijie a dû rendre des comptes à des instances supérieures, c’est la raison pour laquelle ils ont pris autant de temps à rendre un verdict.” L’avocat estime malgré tout que “comparée aux autres cas similaires, cette condamnation est relativement légère” et qu’il allait se “concerter avec la famille pour décider d’un éventuel recours en appel”. Ce recours a toutefois peu de chances d'aboutir dans la mesure où les juges d'instruction sont des nominés politiques...

Fa-Yoo !

Dans l'affaire, il faut préciser que Yahoo! n'a pas hésité à répondre à la requête d'un inspecteur de la police de Beijing. Se pliant à la législation locale, la compagnie américaine a livré les contenus des comptes mails de Li et à fournir les preuves en vue de son inculpation. Le cyberdissident, qui "opérait" sous le nom de Ye Lang (Night Wolf), a écrit des essais critiques avec des titres comme "Devenir un esprit américain" ou encore “De la nature banale de la vie et de la nature lamentable de la mort”. Ces articles ont été publiés sur des sites interdits en Chine comme la Boxun News, le ChinaEWeekly et le New Century Net. Il a plaidé non coupable, mais les autorités chinoises n'ont mis que deux heures et demie à prouver le contraire.

La prose de Li n'étant pas au goût du Parti Communiste, la condamnation du journaliste fut téléguidée "de très haut", selon son avocat. Le Parti lui avait également reproché des reportages. "Li Yuanlong a interviewé beaucoup d’enfants pauvres et déscolarisés. La publication de ses articles, qui ont eu un large écho, a permis de récolter des fonds pour financer leur retour à l’école (...). Toutefois, le Parti local lui a interdit de publier ses interviews, l’accusant de montrer la société sous un côté négatif ", avait déclaré sa femme en janvier 2006.

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