Le navigateur Flock s'est officiellement offert au téléchargement voici quelques semaines. Faisons un premier point sur sa popularité.

Six semaines après l'annonce de sa disponibilité au téléchargement depuis le site de son éditeur, le navigateur Internet Flock, basé, rappelons-le, sur le code source de Mozilla Firefox, est un succès. En tout cas, c'est que pensent ses parents, dont le remuant et exubérant Bart Decrem, qui dresse un premier bilan.

Flock 0.49 a conquis plusieurs centaines de milliers d'internautes, sans que son éditeur en connaissent le chiffre exact. Le mode de soutien financier par la publicité n'a semble-t-il pas rebuté les utilisateurs, mais ce modèle économique suffira-t-il à assurer la pérennité de l'entreprise '

Au départ, l'équipe qui a enfanté Flock comprenait une douzaine d'employés à plein temps, et trois à temps partiel. Aujourd'hui, ce sont vingt personnes à temps plein qui lui consacrent leurs effort, y compris en Europe et au Japon.

Le "siège" de la société est toujours situé dans un garage (!) près du campus de la réputée Université de Stanford, près de San Francisco, mais l'équipe a des ambitions, et peut compter sur une solide communauté de développeurs. A ce jour, ce navigateur avant tout destiné aux bloggeurs compte près de cent extensions développées spécialement pour lui, ou dérivées d'ajouts conçus pour d'autres navigateurs de la famille Mozilla.

Les analystes américains s'accordent à dire qu'il existe dans le monde entre 10 et 15 millions de personnes qui écrivent régulièrement dans des blogs professionnels ou des journaux en ligne. C'est dans ce vivier que Flock puise ses clients.

Bart Decrem reconnaît que la route est encore longue, et que les premiers utilisateurs ont fait comprendre à son équipe deux choses: que Flock est un produit "décalé", donc intéressant, et qu'il demande à être peaufiné.

Une des particularités de Flock est d'intégrer dans son menu contextuel (clic-droit de la souris) un Blog Manager, une fonction qui autorise l'internaute, lorsqu'il visite un site qu'il désire commenter, à ouvrir une page vierge de blog, dans laquelle il n'a plus qu'à entrer son opinion. Insérer des liens vers la page remarquée est un jeu d'enfant, et rend l'écriture de sujet à référence multiples ridiculement facile. Grâce à la collaboration de l'éditeur canadien Flickr, une fonction glisser-déplacer autorise toutes les audaces.

Le lecteur RSS intégré de Flock participe de cette même démarche, en autorisant un survol des titres de nouvelles, assortis d'un petit résumé, à la manière de ce que propose Avant Browser, mais avec des contenus plus variés.

Une autre particularité de Flock, c'est son fourre-tout, baptisé The Shelf (l'étagère), dans laquelle on peut stocker tout et n'importe quoi, URLs, images, extraits de texte, etc… avant de les intégrer dans un page de blog.

Enfin, puisqu'il est basé sur le moteur de rendu graphique Gecko commun à Firefox, Flock présente un niveau de sécurité inégalé, et un archivage dynamique des pages Web visitées qui permet de les partager avec d'autres internautes.

Flock est toujours en cours de développement, et ses géniteurs nous promettent une version 0.7 quasi-définitive pour la mi-janvier 2006, soit avec un petit mois de retard par rapport au calendrier initial, mais avec des fonctionnalités supplémentaires, dont une interface de messagerie instantanée.

Reste l'éternelle question du financement d'une telle initiative, soutenue techniquement, mais pas sur le plan pécuniaire, par la Fondation Mozilla. Comme le rappelle Decrem, "nous recevons nos fonds de sociétés de capital-risque, et nous devrons évidemment dégager rapidement des bénéfices. Nous pensons pouvoir apporter aux utilisateurs des services que personne d'autre ne propose, et qui leur deviendront rapidement indispensable. Cependant, nous ne voulons pas faire intrusion dans leur vie, et souhaitons leur permettre de surfer sur le Web en toute quiétude."

Ainsi, afin de dégager des ressources supplémentaires, Flock étudie la possibilité d'une compatibilité avec des sites de blogs comme ceux de Google, ou des firmes comme MoveableType, WordPress.com ou LiveJournal. Un nouveau modèle économique se mettrait alors en place, dans lequel Flock se verrait récompensé pour chaque utilisateur aiguillé avec succès vers un des sites mentionnés plus haut.

Decrem estime que le modèle suivi récemment par Opera, qui a réussi à s'affranchir de sa bannière publicitaire simplement en intégrant une barre de recherche Google en natif sur son navigateur, serait une voie à suivre.

Les spécialistes sont plus circonspects, car ce système s'apparente pour eux à un financement par la publicité, segment proche de la saturation.

Qui plus est, en élargissant sans cesse la liste de ses fonctionnalités, Flock risque d'oublier la leçon apprise dans la douleur par Netscape voici quelques années: les clients d'alors voulaient seulement un bon navigateur Internet, quand Netscape s'ingéniait à alourdir le sien avec un client e-mail, des outils de développement et de déboggage, un interface de publication sur le Web…

Souhaitons que les plus sarcastiques d'entre nous n'aient jamais l'opportunité de rebaptiser Flock en flop…



Source : eWeek