En devenant le quatrième opérateur mobile sur le marché français, Free Mobile est arrivé avec une arme secrète : un contrat d'itinérance avec Orange lui permettant de s'appuyer sur le réseau mobile de ce dernier en attendant de bâtir le sien propre, ce qui lui a assuré une couverture nationale immédiate et lui a permis de démarrer avec des forfaits à très bas prix, impensables s'il avait dû démarrer avec les quelques 27% de couverture de son réseau propre début 2012.

Le contrat d'itinérance lui coûte cher mais lui a permis de gagner plus de 7,5 millions de clients en moins de deux ans, du jamais vu à ce rythme pour un nouvel entrant, et d'obliger la concurrence à s'adapter à sa grille tarifaire, créant un véritable choc.

Ce contrat d'itinérance n'est là en principe que pour aider le nouvel acteur à se faire une place sur le marché et ne doit pas perdurer au-delà de quelques années. L'Autorité de la Concurrence a émis un avis indiquant qu'il était souhaitable d'interrompre l'itinérance dès 2016 sur la 3G (Free est un opérateur mobile 3G) et en 2018 pour la 2G qui finira par être éteinte.

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s'est montré inquiet des effets de la stratégie de Free Mobile sur l'emploi et la santé du secteur mobile et il compte bien s'assurer que l'itinérance ne se prolongera pas au-delà de ces échéances, obligeant Free Mobile à ne compter que sur ses propres capacités d'investissement pour améliorer son réseau.

Mais, rapporte le journal Les Echos, le ministère de l'Industrie n'est pas en mesure de faire interrompre directement le contrat d'itinérance. Il pourrait cependant demander au régulateur des télécom, l'Arcep, d'imposer des conditions pour l'accès aux fréquences de la bande 700 MHz, qui correspond au deuxième dividende numérique pris sur les fréquences attribuées à l'audiovisuel, et dont l'enchère doit être mise en place à moyen terme.

Il pourrait également demander à faire accélérer la conversion de la bande 2G 1800 MHz d'Orange vers des services 4G, obligeant Free à utiliser plus intensivement son réseau 3G pour les services voix, alors que de nombreux clients abonnés à son offre à 2 € utilisent toujours des mobiles 2G.

Le quotidien économique souligne que l'accord d'itinérance a rapporté à Orange 500 millions d'euros en 2012 et autour de 730 millions d'euros en 2013. Il devrait être à peu près à ce même niveau cette année avant de décroître, le réseau de Free Mobile devenant conséquent, notamment avec l'échéance des 75% de couverture de la population pour début 2015.

Source : Les Echos