Après avoir fait porter le marché français de trois à quatre opérateurs mobiles avec l'arrivée de Free Mobile, régulateurs et politiques sont logiquement enclins à le voir déjà ramené éventuellement à trois, alors que c'est une tendance qui s'exprime sur plusieurs marchés européens.

Malgré tout, des signes de fléchissement de cette intransigeance vis à vis d'un passage à trois acteurs sont là. Les propos des politiques laissent place à une ouverture qui reste à confirmer dans les faits tandis que la mutualisation entre les opérateurs SFR et Bouygues Telecom représente une forme de coopération dont les détracteurs ne se gênent pas pour affirmer y voir une fusion qui ne dit pas son nom.

Antennes-4g  Un retour à un marché à trois acteurs est-il souhaitable ? Les études des analystes tendent à le faire croire et celle de la banque HSBC, relayée par le journal Les Echos, va même jusqu'à l'appeler de ses voeux, explications économiques à l'appui.

Elle cherche notamment à tordre le cou à la crainte de remontée des prix des offres lors du retour à un plus petit nombre d'acteurs. On a pu voir sur le marché français l'effet de l'arrivée de Free Mobile sur les prix et un retour à un marché à trois acteurs par rapprochement de deux d'entre eux réduirait la pression de concurrence et ferait remonter les prix.

Pourtant, assure l'étude HSBC, cette évolution ne serait pas forcément un mal, pourvu que l'on raisonne sur du long terme, élément essentiel pour les opérateurs qui doivent compter en années les temps de déploiement des réseaux.

En substance, la remontée des prix des forfaits mobiles serait bénéfique aux consommateurs dans la mesure où les opérateurs pourraient investir plus massivement dans leurs réseaux et déployer des capacités supérieures qui en retour serviront aux consommateurs.



Raisonner sur le long terme dans un contexte de court terme
Et de loucher sur le modèle US, pourtant décrié par les autorités européennes, avec de très gros opérateurs mobiles qui font payer plus cher leurs forfaits par rapport à l'Europe mais engendrent des consommations data bien plus importantes. Il ne faudrait donc pas s'arrêter au revenu moyen généré par utilisateur (ARPU) mais à ce revenu au regard de la consommation data correspondante.

Le journal Les Echos cite le cas de l'Autriche où les prix sont remontés surtout sur le segment d'entrée de gamme qui devenait intenable pour les opérateurs, tandis que les offres médianes étaient enrichies, conduisant à un ARPU ramené à la consommation de services dans certains cas plus faible que ce qu'il était avant la hausse. Autrement dit, les utilisateurs paieraient certes plus cher leurs forfaits mais pour une utilisation beaucoup plus intensive des services mobiles.

Tout ceci est bien beau et suggère la création d'une sorte de cercle vertueux mais on voit mal comment faire avaler aux consommateurs en période de crise que la hausse des prix des forfaits mobiles est en fait un bien à long terme. Il reste également à voir si la hausse des forfaits entraînée par un marché à trois opérateurs mobiles servira à alimenter l'investissement dans les réseaux...ou à étoffer les dividendes des actionnaires.

Source : Les Echos