"Le commandant Google et son équipage vous souhaitent la bienvenue à bord de ce vol de numérisation de tous les livres de la planète Terre. Nous vous prions de redresser votre siège, de relever votre tablette, d'éteindre vos appareils portables, et de la boucler (votre ceinture...). Oh, une dernière chose: notre temps de vol est estimé à 300 ans..."

L'ogre Google s'est engagé dans un pari osé: indexer, voire numériser l'ensemble des ouvrages disponibles dans nos bonnes vieilles bibliothèques. Pourtant, et malgré les progrès techniques réalisés en matière de stockage --on estime qu'il faudrait environ 5 millions de téraoctects, soit cinq milliards de gigaoctects pour enregistrer la totalité des archives terrestres, tous domaines confondus-- et de techniques de numérisation, l'opération n'est pas prête de se terminer. D'autant qu'à ce jour, seuls 170 téraoctets ont été indexés.

Pour une fois, s'agissant d'une critique à son encontre, cette dernière ne vient pas d'un concurrent ou d'un journaliste à la --cyber-- plume acérée, mais de chez Google lui-même.

C'est en effet son Directeur Général, l'Américain Eric Schmidt, qui a prédit qu'il faudrait à Google plus de 300 ans avant de réussir à numériser, puis à mettre en ligne, la totalité de la connaissance des hommes.

Schmidt, qui est arrivé chez Google il y a quatre ans en provenance de chez Novell, s'est dit étonné, à l'époque, d'apprendre que des internautes cliquaient vraiment sur les liens sponsorisés qui s'affichent sur les pages du moteur de recherche. Il s'est très vite rendu compte du changement de comportement que cela supposait chez les utilisateurs d'Internet. Il reconnaît volontiers que "le pouvoir change de main; il est désormais entre les mains des internautes, par la grâce de l'ordinateur, du téléphone portable. Il y a trente ans, c'étaient les publicitaires qui faisaient la publicité. Maintenant, c'est le client. (...) Le coût de la publicité en ligne est incomparablement plus faible que celui de la publicité traditionnelle."

Et de fait: sur les 283 milliards de dollars dépensés chaque année sous forme de budgets publicitaires aux Etats-Unis, seulement 11,3 milliards sont consacrés à la publicité sur Internet. Google représente environ 1% de ce dernier chiffre à lui tout seul...

Eric Schmidt prédit qu'il y aura toujours de la pub sur Internet, mais il envisage une sorte de "réseau-bis", d'où elle serait absente, et dont le financement serait pour l'essentiel assuré par d'autres biais, le micro-paiement notamment.

Interrogé sur les récents démélés des grands moteurs de recherche avec les autorités chinoises autour de la chasse aux dissidents. Schmidt a eu en guise de réponse cette phrase qui fait froid dans le dos:

"La technologie est neutre. On peut l'utiliser pour faire le bien, ou pour faire le mal..."


Source : CNET News