IBM et Fuji Photo présentent un nouveau type de bande magnétique de sauvegarde capable d'accueillir quinze fois plus de données que les modèles actuels. Comme quoi, la bonne vieille cassette a encore de beaux jours devant elle...


Pour les professionnels, seulement...
Avant d'aller plus loin, clarifions un point : il y a gros à parier pour que les inconditionnels de l'enregistrement audio/vidéo sur cassette ne voient jamais la couleur de ces nouvelles unités de sauvegarde, car elles se destinent avant tout à la conservation de données informatiques, et non à l'enrichissement de l'audiothèque ou de la vidéothèque des particuliers.

On croyait la sauvegarde sur bandes obsolète, et vouée à une disparition prochaine, mais c'était compter sans l'ingéniosité--et le sens des affaires--d'IBM et Fuji Photo, qui croient dur comme fer en l'avenir de cette méthode de mise à l'abri des données informatiques. Il faut dire que par rapport aux stockages sur disques durs, fussent-ils de capacités gigantesques, la sauvegarde sur bandes conserve un certain attrait : elle consomme beaucoup moins d'électricité lors de sa mise en oeuvre, et les industriels ne s'y trompent pas, puisqu'en 2005, le marché des bandes magnétiques a représenté 4,82 milliards de dollars US de chiffre d'affaires pour les entreprises qui vendent de telles solutions.


Verrou technologique
Les limites des bandes magnétiques n'en sont pas moins réelles : on ne peut, à encombrement égal, stocker autant de données sur une bande que sur un disque dur, surtout depuis l'avènement de la technologie "perpendiculaire", et à l'avenir, le stockage holographique devrait représenter une menace tout aussi conséquente. Il fallait donc augmenter la capacité d'accueil des bandes magnétiques, sans nécessairement imposer un changement de matériel. C'est dans cette optique qu'ont travaillé IBM et Fuji Photo.

Il suffisait d'y penser, me direz-vous : jusqu'ici, on ne stockait des données que sur l'une des deux faces de la bande magnétique en question. En utilisant les deux côtés du ruban, on devait pouvoir doubler son contenu. C'est peu ou prou ce qu'ont réussi à faire nos compères, sur la base d'une bande conçu par Fuji. Sur un support en matière synthétique moins sensible à la chaleur qu'avant, la firme nippone a déposé une fine couche de ferrite de barium (BaO·6Fe2O3 pour les initiés), plus stable dans le temps et moins sensible à la corrosion que les applications chimiques précédentes.

IBM, de son côté, s'est attelé à faire évoluer les têtes de lecture/écriture avec lesquelles ces bandes vont fonctionner. Par de savants calculs, le laboratoire de recherche d'IBM à Zürich, en Suisse, est parvenu réduire de 90% ( ! ) la largeur des pistes de stockage.


Du coffre, et de l'avenir
Au final, chacune des mini-cassettes qui habillent ces bandes peut stocker 1,07 milliards de bits de données par centimètre carré, soit 15 fois plus que les unités actuelles, de quoi accueillir l'équivalent de huit millions de livres. Pour concurrencer une telle capacité, il faudrait à une bibliothèque 91 kilomètres d'étagères.

A ceux qui se demandent pourquoi investir des sommes certainement considérables dans la recherche de solutions pour améliorer un medium de stockage aussi archaïque, IBM et Fuji Photo répondront que le marché des bandes de sauvegarde devrait croître de 8% d'ici 2011, et que les récents aménagements à la loi américaine Sarbanes-Oxley vont renforcer le besoin de recourir à des solutions de conservation de données de plus en plus conséquentes.


Source : CNET News