Les chercheurs d'IBM Suisse sont parvenus à faire réagir à des stimuli électriques une simple molécule, et à lui faire traiter des information de type binaire à une vitesse très élevée.


Se tenir au courant
Comme souvent en matière de recherche fondamentale, une découverte fait sensation avant même que l'on sache à quoi elle pourra bien servir. C'est encore le cas avec celle faite par le département de recherche helvétique du constructeur américain IBM, qui vient d'annoncer qu'il est arrivé à stocker et récupérer des données au moyen d'une molécule synthétique. Cette dernière, baptisée BPDN-DT, a conservé ses propriétés de conductance sur plusieurs heures et après plus de 500 tests, ce que les scientifiques qualifient de "résultat remarquable pour un système uni-moléculaire".

De son propre aveu, IBM ignore pour l'instant comme fonctionne exactement cette molécule. Heike Riel, jeune chercheuse allemande attachée au projet, reconnait que l'équipe à laquelle elle appartient se concentre sur la compréhension des mécanismes qui permettent à cette molécule d'offrir de telles qualités. La prochaine étape sera de comprendre comment elle "switche", autrement dit de quelle manière elle laisse passer le courant électrique. Une chose est certaine, mesure à l'appui : ce "switch" est ultra-rapide, moins de 640 micro-secondes (une micro-seconde équivaut à un millionième de seconde), mais la limite haute reste encore à définir.


"Petit, petit, petit..."
L'expérience elle-même a consisté à placer cette molécule synthétique entre deux électrodes en or pur (ci-contre), ajustées avec des tolérances inférieures au picomètre (soit un milliardième de millimètre), et qui constituaient le point faible de l'expérience, tant leur petite taille les rendaient sensibles à l'effet Joule, et ce malgré des conditions d'expérience optimales. La molécule, qui ne mesure pas plus de 1,5 nanomètre (un nanomètre équivaut à un millionième de millimètre), est près de cent fois plus petite que les composants électriques les plus compacts conçus par l'homme à ce jour. Si la théorie selon laquelle la limite de ces derniers se situe aux alentours de détails de gravure de l'ordre de 20 nanomètres, notre molécule semble promise à un bel avenir.