L’ICANN donne du bout des lèvres son accord à la mise en place d’un nom de domaine spécifique à la zone Asie-Pacifique, mais repousse encore l’échéance en ce qui concerne celui dédié à l’industrie des contenus "pour adulte".

A l'occasion de sa grand'mess anuelle, qui a eu lieu le week-end dernier à Vancouver, au Canada, l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) a pris une décision attendue depuis plusieurs mois par le continent asiatique.

L'ICANN a en effet donné son accord à la création d'un nom de domaine reprenant le suffixe ".asia", qui viendra complémenter les extensions existantes, comme le ".cn" (pour la Chine) ou le ".jp" (pour le Japon). Après la mise en place imminente du ".eu" que l'Union Européenne appelait de ses vœux depuis un moment, ce n'est que justice.

La décision est prise, donc, mais ne sera pas immédiatement appliquée pour autant: l'ICANN et l'organisation DotAsia Limited devront définir ensemble les modalités exactes du lancement du domaine ".asia", et son introduction se fera autour des domaines regroupant des sites en langue anglaise. Les autres, notamment ceux libellés dans des langues authentiquement asiatiques, devront attendre un peu.

Dans un autre ordre d'idée, l'ICANN travaille sur la mise en place de l'adressage en caractères autres que ceux issus de l'alphabet romain que nous utilisons. Vue la complexité de la tâche, on comprend que l'ICANN prenne son temps avant de se lancer.

Un autre sujet, qui fâche, celui-là: le nom de domaine en ".xxx" qui devait regrouper les sites dont le contenu s'adresse aux adultes, notamment ceux qui offre des images et vidéo à caractère pornographique. Cette initiative serait repoussée sine die, au grand dam de son initiateur, ICM Registry, qui avait présenté ce projet afin de mieux réguler un marché qui représente tout de même 12 milliards de dollars US par an. En adhérant au domaine ".xxx", les sites concernés s'engageaient à ne plus employer de méthodes douteuses (spam, spywares, etc…) pour promouvoir leurs produits.

Les opposants au projet soulignent que rien n'empêcherait les sites pornographiques de conserver leur extension actuelle en ".com", rendant par là même leur contenu accessible à tout un chacun de toute façon. Même les sites concernés ne sont pas d'accord entre eux, certains craignant qu'un nom de domaine dédié n'aide les agences gouvernementales américaines à mieux filtrer leurs contenus.

Paul Twomey, président de l'ICANN, indique que le retard pris dans le lancement du ".xxx" est une simple question de procédure, puisque son organisme est directement placé sous la tutelle de plusieurs acteurs gouvernementaux, dont le Département du Commerce, qui ont du mal à accorder leurs violons. Une décision finale est attendue dans le courant du premier semestre 2006.

Autre sujet qui fâche: les relations entre l'ICANN et VeriSign, qui contrôle les bases de données dans lesquelles sont stockés les domaines en ".com" et ".net". VeriSign envisage de relever ses tarifs de 7% par an dès 2007, soit un bonus de 17 millions de dollars US par année fiscale. Deux procès, qui incriminent l'ICANN et VeriSign sur une possible entente à propos des tarifs d'obtention de noms de domaine, sont en cours aux Etats-Unis, rendant difficile la moindre tractation entre les deux entités.