Intel commence à être agacé par la popularité grandissante du petit fondeur américano-taïwanais Via Technologies. Les produits de ce dernier séduisent de plus en plus, y compris dans des secteurs où l'ogre californien régnait jusqu'ici en maître.


La mouche du coche
Intel a décidé d'écarter Via Technologies de certains marchés qu'il aimerait occuper seul (oublions un instant le trublion Advance Micro Devices), notamment ceux des appareils portables (PDA, smartphones, UMPC, etc...), des appareils d'enregistrement de vidéo destinés au grand public, voire des PC portables à petit prix. Dans ces trois domaines, Via a des arguments à faire valoir : ses processeurs sont fiables, consomment peu d'électricité (et dissipent donc peu de chaleur), et ils sont bon marché. Pour la première fois depuis bien longtemps, Via va clôturer un exercice fiscal sur une note bénéficiaire : à peine 22,5 millions de dollars US, contre tout de même 18 millions de pertes l'an passé. Pour parvenir à ce résultat encourageant, le petit fondeur asiatique a sérieusement revu ses méthodes de travail, et a lancé des évolutions prometteuses de ses puces vedettes, notamment du processeur C7. L'arrivée à terme d'une license accordée il y a quatre ans par Intel pourrait changer la donne.


Le pot de terre contre le pot de fer
En 2003, Intel mettait un terme à des poursuites intentées contre Via, lequel était accusé d'avoir utilisé sans autorisation une technologie inventée à Santa Clara pour faciliter la communication entre processeur et carte-mère. Cette plainte a notamment eu pour effet de contrarier la signature d'accords commerciaux entre Via et les principaux fabriquants mondiaux de ces mêmes cartes-mères, qui voyaient déjà poindre à l'horizon la menace d'actions en justice à répétition. La conséquence fut aussi immédiate que prévisible : les ventes de Via s'effondrèrent, et le fondeur taïwanais était bien mal en point lorsqu'Intel consentit à lui accorder pour une durée de quatre années une license sur la technologie à l'origine de la dispute. C'était en avril 2003, et à la fin du mois de mars prochain, cet accord aura vécu. Via estime que les termes de l'accord lui permettent de continuer à utiliser la technologie en question jusqu'à fin 2008, mais rien n'est moins sûr. Lorsqu'on sait que Via tire l'essentiel de ses revenus des chipsets qu'il fabrique autour de cette technologie, on comprend les enjeux d'une renégociation éventuelle, à laquelle Intel se refuse pour l'instant.


Le corbeau et le renard
Via a tout de même un peu anticipé la chose, en scindant en deux ses activités de fabrication de processeurs et de chipsets ; elles sont désormais gérées de manière indépendante, et il n'est pas exclu que la branche Processeur devienne à terme une entité complètement séparée de la maison-mère, même si on s'en défend, à Taïpeï. Son actuel responsable, Chen Wenchi, est un ancien de chez Intel, et il dirige l'activité Processeur. Il sait à quel point cette branche est importante pour la survie de l'entreprise toute entière, notamment en regard d'un chiffre d'affaires qui a fait un bond de 32% entre 2005 et 2006 (540 millions de dollars US à fin septembre, dernier trimestre 2006 non encore comptabilisé). A comparer au milliard de dollars US que Via revendiquait il y a à peine six ans.