Les fournisseurs d'accès à Internet sont excédés : les internautes ne jouent pas le jeu, souscrivent à des forfaits illimités... et s'en servent ! De quoi relancer une nouvelle fois l'idée d'un Internet à plusieurs vitesses, où les plus fortunés pourraient effectivement profiter de la totalité des services vantés dans leur contrat, tandis que les moins riches, eux... Une des raisons invoquées est l'augmentation constante du nombre de téléchargements de vidéos, légaux ou non. Comme c'est pratique...


Bande passante... trop passante !
Les fournisseurs d'accès à Internet ne cesse de montrer du doigt la montée en puissance des téléchargements de fichiers vidéo sur Internet qui, disent-ils, accaparent une bonne partie de la--mal nommée--bande passante disponible, et bloquent ou ralentissent les autres échanges. Certains prônent même la mise en place d'un Web à plusieurs niveaux, dans lequel il faudrait payer un supplément à chaque fois que l'on veut télécharger ce genre de contenu. Le débat fait rage aux Etats-Unis, et mais nous n'y reviendrons pas ici. Pas aujourd'hui. Car de nouvelle méthodes de compression de fichiers vidéo pourrait mettre tout le monde d'accord.

La compression d'images ou de films n'est pas une nouveauté. Elle serait même rentrée dans les moeurs, et ce quel que soit le type de fichier considéré. Programmes, sons, images, tout y passe, le plus souvent sans dommage. Car compresser un fichier entraîne parfois quelques désagréments. Pour réduire la taille d'un fichier, il faut parfois tailler dans le vif, et supprimer des informations utiles, voire essentielle. Small n'est pas toujours beautiful, lorsqu'on examine le résultat final...


A nouveaux acteurs, nouvelles méthodes

Une fime basée dans le Maryland, Qbit LLC, a mis au point un algorithme de compression de fichiers vidéo qualifié de "sans perte" ; comprenez par là que malgré la réduction de sa taille, le fichier en question conserve toutes ses caractéristiques de départ, contrairement au format le plus prisé pour ce genre d'exercice, le MPEG-4, qui provoque des pertes assez conséquentes. Lors du visionnage d'un film compressé en MPEG-4, on a parfois quelques mauvaise surprises, mais on en était venu à penser que c'était un mal nécessaire pour accomoder des fichiers d'une taille considérable. L'idée de Qbit est de compresser moins, mais mieux.

Qbit ne compte pas vraiment s'adresser au grand public et à ses échanges en P2P, mais plutôt aux professionnels de l'image que sont la défense, la médecine, la recherche pétrolière ou la création audio-visuelle.

Autre approche chez Euclid LLC, qui tente, elle, de rendre aux fichiers MPEG-4 une partie de leurs qualités perdues. Toujours grâce à des algorithmes complexes, Euclid entend améliorer par un facteur dix la valeur de compression, tout en garantissant un rendu visuel proche de l'oeuvre originale, avant compression. Euclid espère séduire les chaînes de télévision et les adeptes de la vidéo-conférence, notamment par le biais d'appareils mobiles dont on connaît la principale faiblesse : la--petite--taille de l'écran.

La méthode développée par Euclid n'est pas dépourvue de pertes, mais le modèle mathématique repris par la firme amércaine, trop complexe à décrire ici, permet de "combler les blancs", en déduisant, image par image, ce que pourraient bien représenter les pixels morts. Le résultat n'est pas tout à fait convaincant, de l'aveu même des responsables d'Euclid : certes, le centre de l'image est autrement plus clair qu'avec un format MPEG-4 classique, mais avec une désagréable impression de platitude, incompatible avec une utilisation professionnelle. Euclid travaille sur la question, et espère arriver avant la fin de l'été à ramener la taille d'un film de deux heures aux alentours de 50Mo, ce qui serait un authentique exploit.

Pour Euclid comme pour Qbit, le plus dur reste à faire : convaincre les ténors de la vidéo sur Internet de la validité de leurs concepts respectifs, sans quoi nos deux larrons se verraient cantonnés à des niches de produits hi-tech, un peu comme Divx ou On2 Technologies l'ont été (et le sont encore) avant eux.

Comme dirait l'autre, la route est longue...

Source : Sci-Tech Today