On l'a attendu pendant des mois, pour ne pas dire des années, et il arrive enfin. Le système de fichiers ZFS de Sun Microsystems va finalement trouver son chemin jusqu'à Solaris 10, le système d'exploitation auquel il est destiné. Un moyen, pour le constructeur et éditeur californien, de rappeler son attachement à l'open-source.


Ce n'est plus une (open-) source, c'est un (open-) fleuve !
Depuis l'ouverture du code-source de Solaris 10, le système d'exploitation de Sun Microsystems basé sur Unix, les critiques se faisaient plus vives à l'égard de la firme californienne, qui promettait de longue date un système de fichiers révolutionnaire, dénommé ZFS, bâti sur un adressage en 128-bit aux possibilités insondables. Les impatients seront ravis d'apprendre que ZFS pointe enfin le bout de son nez.


Perspectives abyssales
Concrètement, 128-bit, cela signifie que désormais, on peut caser davantage de choses dans ce joyeux fourre-tout qu'est la mémoire virtuelle d'un ordinateur. En théorie, la taille de cette mémoire virtuelle (que l'on nomme aussi fichier d'échange, ou "swap") n'est limitée que par l'espace disponible sur votre disque dur.

Ceci étant, il faut bien donner un nom précis à chaque nouveau fichier ouvert dans cette portion de disque dur appelée à suppléer la mémoire vive. Et là, dès que l'on dispose d'un système performant et qui traite un grand volume d'information, comme un serveur, par exemple, les limites fixées par la technologie 32-bit, ou même 64-bit, sont vite atteintes. Avec ses 128-bit, ZFS promet de multiplier par seize le nombre de caractères aptes à distinguer les fichiers inscrits dans cette mémoire virtuelle (un byte, ou octet, est composé de huit O et/ou 1), pour atteindre un nombre que l'on se donne tout juste la peine d'évaluer, chez Sun...

A titre de comparaison, le saut d'un système 16-bit à un autre en 32-bit a permis de faire passer le nombre d'adresses uniques dans le fichier d'échange de 16 millions à plus de 4 milliards. Imaginez le bond permis par le 128-bit ! Et puis il y a la concurrence : chez Linux ou Microsoft Windows, dans la plupart des cas, on reste à 32-bit, voire 64-bit, si ces derniers se généralisent autant que les éditeurs et fabricants le souhaitent. Avec les 128-bit de ZFS, dont Sun reconnaît qu'il ne donnera sa pleine mesure que dans une dizaine d'années, on se met à l'abri des problèmes de mémoire virtuelle insuffisante que nous promet la montée en puissance des dernières générations d'ordinateurs.


Beaucoup de place... Tout le confort moderne... Sécurité assurée
Multiplier les adresses dans le fichier d'échange ne servirait à rien si on ne peut pas s'assurer de récupérer les données avec rapidité et précision. Avec son ZFS, Sun assure un taux de réussite dans la lecture de données proche de 100% : un cadre de la firme, interrogé sur le sujet, le décrit comme une "suite de 19 chiffres 9, dont les deuxième et troisième sont simplement séparés par une virgule".

Un résultat impressionnant, que ZFS doit à sa capacité à "compter" le nombre de caractères inclus dans le nom de chaque fichier jusqu'à un facteur 64-bit : si le nombre ne correspond pas, à l'ouverture du fichier, à celui enregistré à l'écriture, le système considère les données comme corrompues, et met en route des mesures de récupération et de réparation. Le tout est associé à un système d'écriture double, qui créé automatiquement une copie de chaque inscription dans le fichier d'échange, afin de rétablir les données altérées.

Ajoutons, pour être complet quant à l'actualité relative à Sun Microsystems, que ce dernier devrait dévoiler une mise à jour conséquente de Solaris 10 en juin prochain, à laquelle sera associée la base de données open-source PostgreSQL. Cet ajout vient en point d'orgue des travaux d'un groupe de travail baptisé SunDB (DB pour DataBase , base de données), et vise à concurrencer durablement les géants de la base de données open-source que sont MySQL et Apache Derby. Avec peut-être, pourquoi pas, en point de mire, Oracle et ses logiciels propriétaires...

Une dernière précision : ZFS signifie Zettabyte File System. Et un zettabyte (zetta-octet) représente 2-à-la-puissance-70, ou 1 180 591 620 717 411 303 424, octets.

Bref, il y aura de la place pour tout le monde. Venez nombreux...




Source : InformationWeek