La guerre de tranchées à laquelle se livrent Microsoft et la Commission Européenne ne semble pas prête de s'arrêter. Dernier avatar en date : l'éditeur américain accuse à mots à peine couverts l'organe européen de favoriser ses principaux concurrents.

A Redmond, siège de Microsoft, on a pointé les batteries de missiles inter-continentaux en direction de Bruxelles, siège de la Commission Européenne, et le compte-à-rebours semble lancé. Sans aucun doute conscient des retombées que peuvent engendrer de tels propos, l'éditeur américain ne fait pourtant pas dans la demi-mesure, et affirme haut et fort que la Commission fait tout ce qu'elle peut pour favoriser ses principaux concurrents, et allègue que des membres de la Commission ont rencontré en secret des dirigeants de Sun Microsystems, Oracle, IBM et Novell.

"La Commission et ses membres ne peuvent satisfaire à leur obligation de neutralité et d'indépendance s'ils travaillent en secret avec des concurrents de Microsoft", écrivait la firme de Redmond dans une lettre adressée aux principaux organes de presse européens, jeudi dernier.

Microsoft estime en outre avoir rempli sa part du marché conclu à l'automne dernier, en proposant une version de Windows XP débarrassée de son lecteur multimédia, et en divulguant une partie du code source de Windows Server, afin de se soustraire à l'astreinte financière de deux millions d'euros par jour que la Commission Européenne comptait lui assigner.

Le torchon brûle donc toujours entre les deux protagonistes de cette bagarre politico-financière, mais jamais encore Microsoft n'avait aussi ouvertement mis en doute l'honnêteté de la Commission. Son principal conseil en matière juridique estime d'ailleurs que "Même si les différents documents envoyés par la Commission ne regroupent pas l'intégralité de la correspondance entre cette dernière, ses membres et leurs experts, ils montrent sans l'ombre d'un doute que les principaux concurrents de Microsoft entretiennent avec la Commission des liens incompatibles avec les obligations de neutralité de cette dernière."

La Commission se refuse pour l'heure à tout commentaire sur ces accusations, qu'elle indique seulement "porter au débit, déjà conséquent, de Microsoft." Une audience devrait avoir lieu à la fin du mois de mars 2006, afin de déterminer si l'éditeur américain a ou non satisfait aux exigences communautaires. Si tel n'était pas le cas, et comme annoncé le 15 décembre dernier, Microsoft pourrait voir son ardoise initiale de 497 millions d'euros encore alourdie. On parle de 100 à 200 millions d'euros supplémentaires, en attendant que la juridiction de première instance de la Cour Européenne de Justice se prononce sur la première décision de la Commission.

Installez-vous confortablement, le feuilleton ne fait que commencer...


Source : BetaNews