Symantec ne décolère pas : selon lui, Microsoft garderait pour lui des informations cruciales sur le fonctionnement de Windows Vista et de plusieurs logiciels associés, afin de ralentir les travaux de certains éditeurs dans la mise en conformité de leurs produits avec le futur système d'exploitation de Redmond.


Une serrure, mais pas de clé...
Si l'on en croit les derniers communiqués de presse de Symantec, l'éditeur de Cupertino attendrait encore que Microsoft lui communique des détails importants concernant les API (Application Programming Interfaces) dédiées à Windows Defender, le programme conçu par la firme de Bill Gates (sur les cendres d'une application tierce) pour lutter contre les logiciels espions. Les API sont des "ensembles de fonctions permettant d’accéder aux services d’une application, par l’intermédiaire d’un langage de programmation" (source : Comment ça Marche) ; en d'autres termes, ils donnent aux développeurs accès à un certain nombre de clés pour adapter leur programme à un autre, voire à une plate-forme entière. Dans le cas de Windows Defender, il s'agit pour Symantec de pouvoir adapter le fonctionnement de ses propres outils de lutte contre les logiciels espions, de manière à ce qu'ils ne marchent pas sur les plate-bandes du logiciel Microsoft... et vice versa.

A Redmond, on balaie l'argument d'un revers de main, et l'on insiste sur le fait que lesdites informations ont bel et bien été rendues disponibles à qui en a fait la demande. Symantec n'est pas du tout de cet avis, et le fait savoir par la voix de son responsable européen : "Microsoft met délibérément des bâtons dans les roues de ses concurrents. Il n'est question ici que de contrôle et de domination (du marché ; NdA), d'où leur retard dans la délivrance des informations."


Enormes enjeux
Symantec ajoute qu'il n'est pas le seul dans ce cas, et rappelle que les versions OEM (Original Equipment Manufacturer ; fabricants de PC) de Windows Vista sont imminentes, et que tout retard dans la mise au point de logiciels tiers de sécurité apporterait de l'eau au moulin de Microsoft, qui développe ses propres solutions de son côté. Symantec, lié par contrat avec des firmes telles que Dell, Fujitsu, Hewlett-Packard, IBM, Sony ou Toshiba, voit arriver la date-butoir avec inquiétude, et se demande s'il pourra livrer à temps ses logiciels de sécurité compatibles avec Vista. A Cupertino, on évoque déjà un scenario du genre "livraison des API concernées quelques jours avant la date de commercialisation de Vista, mais trop tard pour travailler à une bonne compatibilité entre les produits des deux firmes" ; McAfee se dit dans le même cas que Symantec, et a lui aussi tiré la sonnette d'alarme.

Microsoft affirme de son côté avoir tout mis en oeuvre pour que les incompatibilités soient réduites à leur plus simple expression, notamment par le biais d'une fonction de désactivation de Windows Defender (livré avec Vista) depuis l'interface des logiciels tiers avec lesquels il peut entrer en conflit. Redmond certifie avoir mis les API concernant Windows Defender à disposition des éditeurs dès le 22 septembre dernier, ce que réfutent ces derniers. Idem pour la fonction de sécurité PatchGuard, qui empêche théoriquement l'accès à toutes les fonctions touchant le noyau de Windows, et dont tant Symantec que McAfee se disent exclus, alors que certains hackers ont déjà démontré qu'ils pouvaient s'en approcher.

On devrait peut-être leur demander de nous fabriquer des logiciels anti-espions...