En vue de faire de l'Europe un marché unique des télécommunications, la Commission européenne entend ramener les coûts d'itinérance mobile ( ou roaming ) à la valeur des communications nationales. Un premier encadrement des prix a été mis en place, avec des plafonds obligeant les opérateurs mobiles à abaisser petit à petit le surcoût très lucratif de ces communications passées à l'étranger.

Les opérateurs ont toujours plus ou moins contesté ces plafonds imposés, estimant que le marché est capable de s'auto-réguler seul par l'effet de la concurrence. Une vision que ne partagent qu'à moitié les instances européennes et qui entendent bien accélérer le mouvement naturel, s'il existe.

Récemment, un projet du Parlement Européen de nouveaux plafonds encore plus stricts que ceux proposés initialement a été rendu public, qui conduirait à une accélération de la concordance entre prix du roaming et prix nationaux. De quoi faire bondir les opérateurs mobiles, qui doivent consentir à de lourds investissements pour préparer les réseaux de nouvelle génération et aimeraient bien impliquer les acteurs industriels parmi les plus gros consommateurs de bande passante.


La carotte et le bâton

A l'occasion du salon MWC 2012, Vittorio Colao, président du groupe Vodafone, l'un des principaux opérateurs mobiles dans le monde, ne s'est pas montré tendre sur cette question dans une keynote où il s'attaque aux désirs de régulation de l'Europe, insinuant que les décisions des régulateurs manquent de clarté et ne permettent pas d'avoir une vision sur le long terme, pénalisant les investissements.

La critique n'a pas spécialement plu à Neelie Kroes, commissaire européenne en charge des questions de télécommunications, alors qu'elle ne peut que constater le manque d'entrain des opérateurs à faire baisser les prix du roaming.

Pourtant, si l'Europe avait montré la voie dans la 3G, elle est maintenant à la traîne sur la 4G LTE, pendant que les Etats-Unis et plusieurs pays asiatiques ont déjà plusieurs réseaux commerciaux bien développés.

Pour les opérateurs, la régulation est trop pesante et casse la dynamique d'investissement. Mais la problématique du différentiel entre prix nationaux et prix en itinérance reste entière et ralentit la création d'un marché unique à partir duquel il serait possible de faire avancer plus rapidement les grands projets.