" Personne n'écoute vos appels téléphoniques ", a affirmé Barack Obama, président des Etats-Unis aux citoyens américains, après les révélations du Guardian sur un système de collecte des données mobiles personnelles par la NSA (National Security Agency) via l'opérateur US Verizon Wireless.

Tentant de désamorcer la polémique sur la nature secrète du procédé, le président Obama a fait une mise au point en affirmant que les programmes mis en lumières sont secrets parce qu'ils sont classifiés mais qu'ils sont connus et approuvés par les membres du Congrès américain, de même que les commissions de surveillance sont informées de leur existence. Autrement dit, leur cadre est parfaitement défini, sous contrôle et ne peut faire l'objet d'abus.

Il a également mis en avant le fait que ces programmes ont été validés par les deux partis (Démocrates, camp d'Obama, comme Républicains) depuis 2006, faisant aussi référence au programme PRISM de la NSA qui permet de récupérer des données personnelles (emails, photos, vidéos, informations des réseaux sociaux) sur les serveurs des grands fournisseurs de services.

Barack_Obama Dans le cadre des données mobiles, Barack Obama explique qu'il ne s'agit pas d'écouter les conversations privées mais d'analyser des données pour "identifier des pistes sur des gens qui pourraient avoir recours au terrorisme. "

Pour le programme PRISM, lancé du temps de George W. Bush, Obama indique qu'il a choisi de le maintenir en tant qu'outil de lutte contre le terrorisme tout en renforçant son encadrement. PRISM ne vise d'ailleurs pas les citoyens américains et les personnes vivant aux Etats-Unis, mais des personnes vivant hors des Etats-Unis et suspectées d'activités terroristes ou de leur préparation.

Qu'en est-il alors de la vie privée des citoyens européens, s'interroge opportunément l'Union européenne qui a fait de la préservation des données personnelles une valeur morale plutôt que marchande face à la guerre d'usure menée par les grands groupes américains pour y accéder.

La confirmation de l'existence de ces projets secrets pourrait bien donner un coup de fouet aux initiatives nationales de stockage des données, à l'image du projet Andromède en France qui vise à fournir une infrastructure de cloud aux entreprises avec des data centers situés en France et en Europe et qui a donné naissance aux sociétés Numergy (soutenue par SFR) et Cloudwatt (appuyée par Orange). Du suivi des données personnelles à celui des données d'entreprise, il pourrait n'y avoir qu'un pas...ou un autre programme secret.

Ces révélations arrivent également à un mauvais moment, alors que Etats-Unis et Chine doivent discuter de l'escalade des accusations mutuelles de cyber-espionnage et de la défiance de l'administration Obama vis à vis des équipementiers télécom chinois Huawei et ZTE, officieusement interdits d'activité avec les opérateurs télécom US.

Un haut représentant de Huawei faisait récemment remarquer, non sans une certaine ironie, que les récentes affaires de piratage de données confidentielles imputées à des hackers chinois aux Etats-Unis ne pouvaient avoir été réalisées grâce à des défauts de sécurité de ses équipements étant donné que l'équipementier est soigneusement tenu à l'écart du marché US.

Source : Le Monde