Il existe plusieurs interprétations des mots "open-source". Certaines évoquent les logiciels gratuits, à l'image du navigateur Internet Firefox et de certaines distributions Linux. D'autres font au contraire penser à des entreprises commerciales, comme Red Hat ou Novell, mais certains pans entiers de l'industrie mondiale sont contraints--ou ont choisi--de faire l'impasse sur les logiciels libres, par manque de certification internationale. A croire que le pédigrée est plus important que les aptitudes.


Quand l'ISO barre...
Dans le milieu hippique, on a coutume de dire que "The race improves the breed", autrement dit que la course améliore la race. Il pourrait en aller de même dans le domaine de l'informatique, où certains éditeurs open-source sont présents depuis plus longtemps que d'autres, au contenu propriétaire, mais c'est compter sans la norme ISO9000.

Aux Etats-Unis, les grands laboratoires pharmaceutiques sont confrontés depuis plusieurs années a un cruel dilemne. Pour obtenir l'assentiment de leur autorité de tutelle, la FDA (Food and Drugs Administration), dans la mise sur le marché de nouveaux médicaments, ils doivent s'appuyer sur des processus de certification extrêmement précis, et de ne faire usage que de logiciels émanant d'éditeurs certifiés ISO9000. Cela tiendrait presque de l'anecdote, puisque de telles solutions existent, mais se pose le problème de l'inclusion, dans leurs programmes, de portions de code-source en provenance d'autres éditeurs, non-certifiés.

Pire encore, cette norme, et son implémentation au niveau du lancement de nouveaux produits pharmaceutiques, implique la relecture totale du code, et la purge des sections non certifiables ou traçables. Sont exclus de fait des logiciels écrits par des développeurs dans leur coin, quelle que soit leur qualité. Un spécialiste oeuvrant dans ce domaine fait remarquer que certaines applications telles que log4net ou NUnit apporteraient une plus-value intéressante aux programmes sur lesquels il travaille, mais que leur appartenance à la "mauvaise" catégorie les disqualifie d'office.


Refonte en vue '
On peut donc légitimement se demander si les normes ISO9000, édictée il y a plus de dix ans, sont encore à la page lorsqu'il s'agit de définir un niveau de qualité globale, et si leur réécriture ne s'impose pas. Les éditeurs commerciaux qui ont investi des sommes considérables dans le but d'obtenir leur certification répondront sûrement par la négative, mais ce choix pourrait être remis en question dans les prochaines années. En effet, les logiciels mentionnés plus haut (et ce ne sont que quelques exemples) ont depuis longtemps fait la preuve de leur stabilité et de leur efficacité, deux qualités cardinales dans un domaine d'activité où les sommes investies sont colossales, et les retards proscrits.

Il se murmure que les prochaines élections de mi-mandat, en novembre prochain, pourraient changer le paysage politique américain, et faire resurgir de vieux projets de modification des méthodes de travail de cette énorme machinerie qu'est la FDA. Mais attendre des bouleversements dans la manière dont l'open-source est employé dans certains secteurs industriels serait sans doute illusoire.

A croire que l'open-source est condamné à la marginalité outre-Atlantique, malgré l'indéniable qualité de ses principaux fleurons.