Décidément, le rapprochement entre Nokia et Microsoft autour de Windows Phone a bien du mal à passer. Les investisseurs n'y croient pas vraiment, les petits actionnaires grondent, et même les opérateurs mobiles s'inquiètent.

Parmi eux, Jean-Paul Cottet, directeur du marketing et de l'innovation chez Orange, a mis en garde le nouveau couple sulfureux contre la tentation de fermer la plate-forme et de suivre un modèle à la Apple, cherchant à dicter ses conditions aux opérateurs, voire à réduire leur rôle au minimum.

Les opérateurs craignaient que Nokia ne cède aux charmes d' Android mais une évolution dans le sens du modèle économique d' Apple ne vaudrait guère mieux à leurs yeux. " Nous voulons un écosystème mobile ouvert et qui permet à nos clients d'utiliser les services qu'ils veulent, pas des systèmes fermés qui ne profitent qu'à une seule société ", a-t-il indiqué à Reuters.

A vrai dire, tout le monde est dans l'expectative après l'annonce conjointe des deux sociétés la semaine dernière. Et les opérateurs mobiles sont au premier plan pour en jauger les conséquences. Déjà, il s'inquiètent du fait que les premiers smartphones Nokia sous Windows Phone ne seront disponibles qu'à partir de 2012. Que proposera Nokia entre-temps, notamment au second semestre 2011 ?


Gare au retour de bâton
Chez les fabricants de puces mobiles partenaires de Nokia jusqu'à présent, comme ST-Ericsson, c'est aussi la soupe à la grimace : comment sera gérée la transition ? D'un autre côté, il ne serait pas dans l'intérêt de Nokia et Microsoft de se passer du soutien des opérateurs.

Microsoft a toujours été enclin à laisser les opérateurs installer leurs services sur ses terminaux ( voir le lancement français de Windows Phone 7 en partenariat étroit avec Orange ) tandis que Nokia, plus grand fabricant de téléphones portables au monde, possède un réel poids dans les négociations avec les opérateurs pour la distribution de ses terminaux.

Jean-Paul Cottet laisse donc le bénéfice du doute à cette alliance mais prévient du danger de vouloir tirer toute la couverture à soi. Car si elle venait à émerger, il ne resterait plus guère aux opérateurs mobiles qu'à se tourner vers Android, dont l'approche plus ouverte resterait la seule alternative....et finirait peut-être d'achever les espoirs de Nokia-Microsoft.

Source : Reuters