Aux Etats-Unis, ces derniers mois, on ne compte plus les affaires de PC portables perdus, et qui renfermaient des données extrêmement sensibles. Dans la plupart des cas, les machines en question ont été retrouvées, mais leur contenu avait au préalable été piraté. Un nouveau danger guette cependant ceux qui voyagent avec leur terminal portable, désormais. Et ce danger porte un uniforme...


"Vous avez quelque chose à déclarer...'"
Jusqu'à un passé récent, le principal souci des travailleurs nomades était de ne pas se faire voler leur ordinateur portable, mais voilà que ce dernier court le risque de se voir saisi par les représentants de l'ordre américains, à l'arrivée sur le sol des Etats-Unis. Et dans ce cas, le portable en question ne s'appelle pas toujours "Reviens"... Une récente étude, menée auprès de 2.500 habitués des aérogares internationales, montre que 90% d'entre eux ignorent qu'outre-Atlantique, un douanier ou un policier peut saisir votre ordinateur portable sans avoir à vous donner la moindre raison, ni à vous indiquer dans quel délai vous pourrez récupérer votre matériel ! Sans même parler de l'éventuelle pose d'un mouchard électronique dedans...

Et de citer le cas de cette femme cadre dans une grande entreprise, dont l'ordinateur a été confisqué à son arrivée dans un aéroport américain il y a plus d'un an, et qui ne l'a jamais récupéré... Etant donné que cette personne n'a fait l'objet d'aucune poursuite depuis, on peut en déduire qu'elle n'avait rien à se reprocher, mais alors, où se trouve son ordinateur ' Et les mauvaises langues de répondre, à voix basse : "Sur le bureau du fils d'un douanier américain...'" Un raccourci facile, convenons-en, mais tentant, surtout que, depuis que la fameuse (') loi dite "du Patriot Act" a été signée par le président américain George W. Bush, les pouvoirs des agences américaines de sécurité ont été décuplés. Certes, des voies de recours légales existent, mais la loi est claire et sans ambage, comme le confirme un avocat de Washington spécialiste des questions constitutionnelles : "Les forces de l'ordre n'ont besoin d'aucune raison valable pour effectuer une recherche sur votre ordinateur. Elles peuvent le faire sans justification, ni même sans avoir besoin de révéler leurs motivations."


A quelque chose, malheur est bon '
Dans certains cas, bien entendu, des preuves ont pu être amassées par ce biais contre des pédophiles qui emportaient partout avec eux les preuves de leurs méfaits. Les machines saisies peuvent faire l'objet d'un examen approfondi, notamment lors d'un banal contrôle d'entrée sur le territoire américain, comme la jurisprudence fédérale l'a confirmé l'été dernier. Ceci étant, et même si la lutte contre toutes les formes de crimes ne saurait être remise en cause, il apparaît que les agents qui procèdent à ces contrôles le font parfois pour des motifs mal établis, ce qui donne au légitime propriétaire du PC saisi la désagréable impression de se faire détrousser au fin fond de la forêt de Sherwood.

Les associations d'entreprises américaines se demandent déjà si elles devraient enjoindre leur personnel à ne plus voyager avec des ordinateurs portables, au risque de perdre des données sensibles, et surtout comment elles doivent procéder pour récupérer dans des délais raisonnables matériel et contenu. Se posent d'autres questions, encore plus essentielles au pays de la libre entreprise : que se passerait-il si un PC portable saisi renfermait des informations capitales à la conclusion d'une affaire de haute volée ' Une transaction à plusieurs milliards de dollars US pourrait-elle capoter simplement parce qu'un douanier ou un agent fédéral a eu quelques vagues soupçons '

A ces questions, certains répondront qu'il vaut certainement mieux laisser ces informations sur un serveur sécurisé, et y accéder à distance quand le besoin s'en fait sentir, mais dans certains cas, c'est impossible, ou peu réaliste. Sans même parler de la perte d'argent que suppose le remplacement, même temporaire, de l'appareil confisqué. Ou encore de l'invasion dans la sphère privée que représente la retenue d'un PC portable sur lequel se trouvent peut-être des documents personnels, des photos de famille, des relevés de comptes bancaires, des numéros de carte de crédit, etc...

Selon l'enquête mentionnée plus haut, 87% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles y réfléchiraient désormais à deux fois avant d'embarquer sur un vol à destination des Etats-Unis avec un portable remplis de données, personnelles ou professionnelles, surtout maintenant qu'elles savent dans quelles conditions ledit appareil peut être saisi. Et il est trop tôt pour dire de quelle manière ces mesures affecteront le commerce international. Ni si les PDA et autre smartphones ne seront pas la cible de l'arbitraire à leur tour, un jour prochain...