La fabrication des composants électroniques connaît perpétuellement des évolutions, certaines parfaitement invisibles, d'autres plus notables. Parmi ces dernières, il en est une qui retient vraiment l'attention.

Jusqu'ici, le matériau de base entrant dans la fabrication d'une puce informatique était le silicium, autrement dit un minéral que l'on trouve en grande quantité dans la nature, mais difficile à travailler, malgré ses intéressantes qualités de conduction thermique et électrique. Depuis des années, les fondeurs (entendez par là les fabricants de processeurs) tentent de s'affranchir de ce matériau, car les techniques qui transforment quelques grains de sable en puce pour PC sont longues, coûteuses, et atteindront prochainement leurs limites en terme de finesse de détail.

Une voie de recherche particulièrement prometteuse pour la succession du silicium est celle des polymères organiques, ces matériaux souples, fruits de l'ingéniérie chimique, dont le principal défaut est leur pauvre conductance. Une nouvelle famille de polymères vient cependant de voir le jour : les polythiophènes. Des chimistes ont en effet réussi à modifier la structure moléculaire de matériaux existants, afin de leur donner une meilleure conductance, et ont obtenu un composé bien plus malléable que ne le sera jamais le silicium.

En effet, cette nouvelle famille de matériaux, qui se rapproche des plastiques de par ses caractéristiques mécaniques, peut être travaillée à température ambiante, et à la pression atmosphérique, contrairement au silicium, avec lequel il faut déployer des trésors de précautions, à moins d'obtenir des produits finaux inutilisables. Par comparaison, ces nouveaux polymères peuvent être littéralement imprimés, au moyen d'un matériel tout ce qu'il y a de plus banal, sur de grandes feuilles de forme rectangulaire, à la grande différence des processeurs traditionnels, disposés sur des galettes circulaires, avec de grandes déperditions.

Pour l'instant, cependant, et malgré des progrès d'un facteur six en terme de rapidité, cette nouvelle technologie semble plus utilisable pour les matériels d'affichage que pour le calcul pur et dur : on parle ici d'écrans souples et/ou jetables pour appareils mobiles ou papier électronique. Des matériels d'affichage de plus grande taille, comme des panneaux publicitaires, sont envisageables à moyen terme.

Les partenaires de cette aventure technologique, dont le laboratoire pharmaceutique Merck, n'entrevoient donc pas de remplacer nos bonnes vieilles puces pour l'instant, mais cela ne les empêche pas de rêver.


Source : BBC News