Les radiofréquences, ces ondes électromagnétiques non ionisantes diffusées par les téléphones portables et les antennes-relais, sont-elles dangereuses pour la santé et nécessitent-elles d'imposer des restrictions sévères ?

La question fait débat depuis plusieurs années. Face au discours rassurant des industriels et de plusieurs agences sanitaires, les associations militantes mettent en avant des études suggérant l'existence d'effets sur les tissus biologiques, effets qui peuvent être potentiellement toxiques et demanderaient des analyses complémentaires.

Le rapport BioInitiative, émis en 2007 et qui vient d'être réactualisé fin 2012, constitue l'un des principaux arguments aux tenants de la dangerosité des ondes

De l'autre côté, on dispose également de nombreuses études ne démontrant pas d'effet significatif, au moins pour des expositions régulières ( et dans des conditions d'usage normal ) sur des périodes de moins de 10 ans (au-delà, l'incertitude reste de mise).

Le sujet a été examiné à l'occasion d'un Grenelle des ondes en 2009 qui n'est pas allé très loin en dehors d'une remise en valeur du principe de précaution et de mesures d'information et de prévention, notamment à l'égard des enfants et des adolescents.

Si la thématique est un peu sortie d'une bulle médiatique à cette époque, la dureté des négociations de la charte de téléphonie mobile de la ville de Paris, qui a imposé des seuils maximum d'émission rabaissés (mais pas encore assez pour les associations) pour les antennes, a significativement retardé le déploiement des réseaux mobiles à très haut débit ( 4G LTE ) dans la capitale.


Une proposition de loi évidée de ses recommandations
Le groupe Europe Ecologie Les Verts ( EELV ) a émis une proposition de loi pour tenter de durcir une réglementation jugée obsolète et trop favorable aux industriels concernant les radiofréquences ( qui concernent les réseaux mobiles mais aussi le WiFi et d'autres sources d'émission ) et faire du principe de précaution une barrière efficace en attendant les conclusions d'études plus poussées, plutôt qu'un pudique paravent opposant peu de contraintes.

Cependant, son examen en commission a éliminé d'office bon nombre des recommandations proposées,  déchaînant les critiques par rapport à un texte vidé de sa substance et à une volte-face du gouvernement qui se disait pourtant attentif à cette problématique.

Fleur-Pellerin  Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique, a donc dû justifier la position du gouvernement et rappeler que la dangerosité de ondes " n'est pas scientifiquement étayée " et qu'il ne faut pas tomber dans le piège de " peurs irrationnelles " qui imposeraient un cadre juridique lourd et pas forcément approprié à la situation.

Les propositions de limitation de l'utilisation du WiFi dans les crèches et les écoles ont donc été ar exemple retirées du texte tandis que le cas du téléphone portable reste sujet à des campagnes de prévention et d'éducation plutôt qu'à des mesures restrictives.

Plus concrètement, Fleur Pellerin ne veut pas que le principe de précaution se transforme en bouclier brandi à la moindre occasion, et surtout pas pour contraindre ou freiner le développement de la 4G, vecteur économique important à la fois dans la création des infrastructures télécoms nécessaires et comme moteur économique pour les entreprises par la suite.

Au-delà, la position du gouvernement vise peut-être aussi à verrouiller d'autres questionnements, comme l'hypersensibilité aux ondes qui n'a toujours pas de reconnaissance officielle et qui pourrait vite se révéler un casse-tête insoluble.

Source : L'Expansion