"Présentation de l'éditeur
Ils s'appellent Eva Joly, Renaud Van Ruymbeke, Philippe Courroye, Eric
Halphen... Juges d'instruction à Paris, Rennes ou Lyon, ils n'hésitent
pas à affronter les grands de ce monde, à mettre en prison des patrons
d'entreprise publique, des ministres ou des maires. Il n'y a pas un jour
où la presse ne les cite. Et pourtant. Au nom de la loi, les juges ne
contournent-ils pas la loi ? Au nom du droit, ne donnent-ils pas de
confuses leçons de morales ? Et quel rôle complice joue donc la presse ?
Des Affaires aux simples affaires, de la corruption à la gestion, le
juge saute vite le pas. On a même vu un préfet de 80 ans mis en examen
parce qu'il n'avait pas prévu, en 1965, les inondations de
Vaison-La-Romaine ! Eric Zemmour a entrepris une enquête fondée sur
l'idée que les juges nous préparent un avenir où la démocratie sera
remplacée par l'éthique et le suffrage universel par le droit. De
l'intimidation menottes aux mains à la libre interprétation des lois, on
assiste à toutes les dérives... A quand le coup d'état des juges ? "
"Des juges veulent la peau du journaliste
Publié le 28 janvier 2010 à 15h55 • 320 réactions • Imprimer
Marianne2 nous apprend ce soir que l’Union des syndicats de magistrats
(USM) a demandé à Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, quelle
mesure elle entend prendre « en réaction à ces propos inacceptables qui
tendent à discréditer l’institution judiciaire, et affaiblissent
l’autorité de l’Etat ».
Les propos en question ont été prononcés par Eric Zemmour, lors de sa
chronique matinale sur RTL, lundi dernier. Pour résumer, il avait
reproché vertement aux juges en général, et en particulier à ceux qui
avaient pris la décision de remettre en liberté les immigrés clandestins
kurdes débarqués dans le sud de la Corse, d’entraver pour des raisons
idéologiques les efforts de lutte contre l’immigration illégale mis en
œuvre par les gouvernements successifs.
Quel genre de mesure demande l’USM contre le journaliste ? Qu’on
l’embastille ? Qu’on lui retire sa carte de presse ? Entendons-nous
bien. Il ne s’agit pas là de donner son avis sur la chronique d’Eric
Zemmour. Il s’agit de traiter de la réaction pour le moins incongrue de
ce syndicat. Un syndicat joue son rôle en défendant ses adhérents mais,
en l’espèce, il ne se plaint pas à RTL ni ne produit un communiqué de
protestation. Il sollicite discrètement la ministre et demande, en
termes très sibyllins, que des sanctions soient prises contre un
journaliste.
On peut aussi se demander pourquoi l’USM réagit maintenant si les propos
d’Eric Zemmour portent autant atteinte à l’autorité judiciaire. Non
seulement il a déjà critiqué certains juges à la télé et à la radio1,
mais il a consacré il y a treize ans un livre à ce sujet, intitulé –
excusez du peu – Le coup d’Etat des juges2 ! Aux dernières nouvelles,
l’ouvrage est toujours en vente libre.
Il est curieux que l’USM n’ait pas sollicité le ministre de la Justice
de l’époque lorsque, avant tout le monde, Florence Aubenas, de
Libération, ou Frédéric Ploquin, de Marianne, mirent en doute la
procédure mise en œuvre par le juge Fabrice Burgaud dans la trop célèbre
affaire d’Outreau3. Madame Alliot-Marie a-t-elle reçu un courrier
lorsque le Canard Enchaîné, il y a deux semaines, fustigea la promotion
de Monsieur Lathoud comme directeur de l’administration pénitentiaire,
alors qu’il fut procureur général de Douai et donc l’un des principaux
responsables de ce fiasco judiciaire ?
Critiquer les décisions de justice, pour un journaliste ou un polémiste,
ce n’est pas nouveau. Voltaire, dans l’affaire Callas, et Zola, dans
l’affaire Dreyfus, n’y sont pas allés de main morte en leur temps.
L’interdiction de critiquer les décisions de justice ne s’applique
heureusement pas aux journaux. En revanche, en vertu de la séparation
des pouvoirs, les parlementaires ou les membres du gouvernement doivent
s’abstenir de toute critique ou même de commentaire4.
En fait, Zemmour met, une fois de plus, le doigt où cela fait mal
lorsqu’il dénonce le parti pris idéologique d’une partie des magistrats
et met en garde contre l’avènement d’un gouvernement des juges.
Lorsqu’il le faisait dans des livres ou à 1 heure du matin à la télé,
cela passait encore. Mais il semble que sa présence lors de cette
tranche horaire, la plus écoutée de France à la radio, gêne beaucoup
plus de monde."