Après avoir dénoncé ces pratiques douteuses qui ont conduit à l'arrestation d'un journaliste chinois notamment, l'organisation RSF montre une nouvelle fois du doigt Yahoo! dans une série de tests qui ont vu sa victoire. Un titre peu valorisant qui arrive comme un cheveu sur la soupe après les appels au boycott des journalistes britanniques.
Méthodologie
RSF a mis en concurrence les trois déclinaisons chinoises des moteurs les plus utilisés à travers le monde, à savoir Google, Yahoo! et MSN dont les résultats de recherches ont été comparés à ceux d'un challenger local, en l'occurrence Baidu.
Les mots suivants, jugés subversifs par les autorités chinoises, ont été soumis à la sagacité de nos compétiteurs :
- 6-4 : le 4 juin est la date du massacre de la place Tiananmen
- Falungong : mouvement spirituel chinois ( secte ' ) dont plusieurs adeptes ont été emprisonnés et torturés ce que certains ont dénoncé sur la toile
- indépendance Tibet
- démocratie
- droits de l’homme
- liberté de la presse
Les dix premiers résultats de chaque moteur ont été analysés puis classés dans deux catégories distinctes : sources d’information autorisées et non-autorisées. Les résultats complets sont présentés dans un document au format xls, consultable ici.
Le verdict
Globalement, Yahoo! se montre aussi restrictif que Baidu alors que Google et MSN laisse filtrer plus de résultats :" yahoo.cn censure ses résultats de manière aussi stricte que baidu.cn; google.cn et la version bêta de msn.cn laissent passer plus d’informations provenant de sources non autorisées par les autorités ".
Pire, RSF estime que Yahoo! fait de l'excès de zèle, surpassant Baidu dans la censure et mettant en oeuvre à l'instar de ce dernier des moyens techniques similaires : " Les résultats de recherches sur des mots-clefs subversifs sont à 97% pro-Pékin, Yahoo! censure donc encore davantage que son concurrent chinois Baidu. Des requêtes sur certains termes provoquent le blocage temporaire de l’outil de recherche. Cette méthode n’est utilisée par aucun autre outil étranger; seul Baidu a recours à la même technique ".
Le cas de MSN est également à mettre en exergue. Alors que la firme de Redmond s'est toujours officiellement défendue de toute mise en place de censure que l'on pourrait qualifer de " sino-googlienne ", les résultats obtenus sont pourtant identiques à ceux fournis par le leader mondial de la recherche Web.
Et RSF d'en appeler à tous les acteurs étrangers ( il n'y a pas que les USA ) de ce secteur de ne pas céder aussi facilement aux sirènes du gouvernement chinois. Malheureusement, la raison économique est bien souvent souveraine même si pour l'heure, Google se pose bien des questions.
