À l'occasion de la Journée mondiale contre la cybercensure, Reporters Sans Frontières publie son classement des ennemis d'Internet. L'année dernière, l'association s'était focalisée sur les " mercenaires de l'ère digitale ", soit des entreprises occidentales qui vendent des technologies de cybersurveillance à des pays autoritaires. Cette année, le focus est mis sur des institutions.

Ère post-Snowden oblige, il n'est guère surprenant de voir figurer dans ce classement les services de renseignement américains et britanniques incarnés par la National Security Agency et le Government Communications Headquarters.

Le résumé de quelques révélations liées aux documents fuités d'Edward Snowden est percutant : " la NSA et le GCHQ ont espionné les communications de plusieurs millions de citoyens, introduit sciemment des failles de sécurité dans les matériels servant à acheminer les requêtes sur Internet et piraté le cœur même du réseau ".

À la lumière de ces révélations, les internautes ont le droit d'être révoltés. Pourtant, un récent sondage montre qu'une majorité de Français accepte la surveillance généralisée des échanges sur Internet en pesant le pour et le contre au regard de la lutte contre des organisations criminelles. Mais à quel prix...

RSF met le Centre de développement des télématiques en Inde dans le même panier que la NSA et le GCHQ. S'il a été épargné par les révélations Snowden, RSF indique qu'il a développé pour l'Inde son " propre système de surveillance qui permet un accès direct, illimité et en temps réel à tous types de communications électroniques sans avoir besoin de passer par les fournisseurs d'accès à Internet ".

RSF-carte-ennemis-internet Au total, ce sont 32 institutions qui sont épinglées et la carte interactive mise en ligne n'épargne pas la France. Elle est pointée du doigt pour avoir hébergé le forum Technology Against Crime et le salon Milipol.

" Ces forums mettent en relation des sociétés spécialisées dans l'interception des communications ou le blocage de contenus en ligne avec des officiels et des représentants des gouvernements iranien, chinois, bahreïni, etc. ", écrit RSF qui parle de " dealers de la surveillance ".

Pour le cas de la France, l'association rappelle en outre l'adoption de la loi de programmation militaire dont un article autorise la " surveillance des communications téléphoniques et Internet en temps réel, sans intervention d'un juge " et ce pour des motifs qualifiés de " larges et évasifs ".