Sur la question de l'intérêt ayant motivé la signature de l'accord d'itinérance avec Free Mobile, Stéphane Richard avoue une stratégie visant la temporisation.

En accordant l'itinérance moyennant 500 à 700 millions d'euros par années, France Télécom aurait limité la casse puisque les pertes estimées pour le groupe s'élèvent à 2 milliards d'euros sur deux ans.

Le PDG d'Orange confie ainsi :

"J'ai donc choisi de signer cet accord d'itinérance pour nous donner le temps de nous adapter à la nouvelle donne. En 2018, date de l'arrêt de l'accord, ce sera chose faite. Nos concurrents nous ont traînés dans la boue et accusés d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie. Ils se trompent lourdement. Cette décision a non seulement protégé France Télécom, mais aussi préservé le secteur du pire. "

Dans le même temps, Stéphane Richard conteste la récente étude publiée par l'ARCEP qui indique que l'arrivée de Free Mobile n'aurait pas eu d'impact sur le chiffre d'affaires du secteur :

" Notre régulateur a dressé un tableau idyllique du secteur en 2012. La réalité est bien différente. Les trois acteurs existants ont subi un choc de marché d’une violence inouïe. Un vrai coup de Trafalgar qui nous a fait perdre près d’un milliard d’euros de marge en 2012, et sans doute autant en 2013. Et la facture aurait pu être encore plus salée pour France Télécom sans l’itinérance "

Orange est amère, et avoue que sa stratégie d'itinérance aura également été le moyen de canaliser l'entrée de Free Mobile sur le marché, en imposant une tarification suffisamment élevée pour éviter à l'opérateur de casser encore plus ses prix :

" Car, si nous ne l'avions pas fait, le régulateur l'aurait imposé six mois plus tard. Free aurait alors mis Orange, SFR et Bouygues en concurrence et obtenu un contrat certainement moins cher. Il aurait donc pu pratiquer des prix encore plus bas".

Accueillir le nouvel arrivant pour mieux contrôler sa grille tarifaire et limiter son impact sur le marché global, voilà donc la politique stratégique d'Orange. Néanmoins, et comme le rappelle lui-même Stéphane Richard, le contrat d'itinérance arrivera à terme en 2018, pour autant Orange ne semble visiblement pas pressé d'adapter à la fois ses structures et ses forfaits pour venir concurrencer réellement Free Mobile.

Si la remarque concernant l'éventualité d'une stratégie de prix encore plus agressive de Free Mobile hors itinérance est toujours valable en 2018, Orange pourrait perdre bien plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires.