En annonçant dès ce week-end des négociations avec Free comme contrepartie au rachat de l'opérateur SFR, le groupe Bouygues avance ses pions comme s'il était déjà le candidat forcément choisi par le groupe Vivendi.

Or, dans l'espèce d'emballement politico-médiatique qui s'est déclenché subitement, un porte-parole de Vivendi indiquait encore dimanche soir que les décideurs au sein du groupe, vis à vis des offres déposées, "sont totalement neutres, aujourd'hui il n'y a pas de préférence".

Numericable logo  Car c'est oublier un peu vite que Numericable est aussi dans la course et a déposé un dossier qui, s'il est risqué par le poids de la dette dans son montage, offre aussi des avantages en matière de résolution des problèmes de concurrence et de traitement rapide de l'acquisition.

C'est ce qu'indiquait dimanche soir égalementà BFMTV Pierre Moscovici, ministre de l'Industrie, en affirmant qu'il n'avait pas de préférence et que trois critères seraient importants pour le gouvernement : emploi, investissement, respect du consommateur.

Position qui se démarque (une nouvelle fois) légèrement de celle d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, qui a déjà exprimé sa préférence envers la proposition du groupe Bouygues et dont il voit le retour à un marché français à trois opérateurs comme un moyen de rééquilibrer un secteur dont les régulateurs ont trop longtemps donné la priorité aux consommateurs.

Benoît Hamon, ministre de la Consommation, tempère aussi un peu l'enthousiasme d'Arnaud Montebourg en rappelant utilement qu'avant l'arrivée de Free Mobile, les opérateurs étaient "de véritables machines à cash pour leurs maisons-mères sans que les bénéfices dégagés n'aillent forcément à l'investissement", et qu'il sera donc attentif au maintien de tarifs attractifs dont les protagonistes assurent (peut-être un peu vite) qu'ils ne seront pas (trop) sacrifiés.

Sur la question de l'emploi, Patrick Drahi, président du fonds Altice actionnaire de Numericable, autant que Martin Bouygues, ont donné des garanties pour le maintien d'un maximum de postes après la fusion avec SFR et les réactions des syndicats sont partagées entre doute et confiance selon les sensibilités.

Source : AFP