Ils sont donc finalement deux à avoir répondu à l'échéance du groupe Vivendi pour déposer des propositions en vue du rachat de l'opérateur SFR et ce sont bien les deux acteurs attendus depuis quelques jours, même si leurs motivations sont distinctes.

Numericable logo  Le groupe Numericable relance un projet de rachat qui avait été tenté mais abandonné l'an dernier. Depuis, il est entrée en bourse et son actionnaire principal, le fonds Altice, est bien décidé à acquérir SFR pour l'équivalent de 15 milliards d'euros.

L'avantage d'un tel rapprochement est qu'il ne casse pas la dynamique d'un marché français à quatre opérateurs mobiles même si la téléphonie mobile ne sera qu'une activité minoritaire de la nouvelle entité, tournée vers le marché porteur du câble.

La proposition de Numericable n'est cependant pas sans risques avec le poids significatif d'une dette qui ne permettra pas de temps mort dans la gestion de l'activité. Cela pourrait laisser entendre une réorganisation rapide, avec des conséquences sur l'emploi, mais Patrick Drahi, à la tête d'Altice, a tenté de rassurer sur ce point.

L'autre incertitude qui peut freiner un accord repose sur la nature des activités d'Altice, dont une bonne partie se joue hors de France. Là aussi, Patrick Drahi a promis d'investir dans des groupes français pour renforcer ses liens économiques dans le pays.


Bouygues à l'offensive
De l'autre côté, c'est donc le groupe Bouygues qui manifeste officiellement son intérêt pour l'opérateur SFR, après avoir déjà étudié la question et observé les manoeuvres des autres candidats potentiels. L'entreprise fait une proposition à 14,5 milliards d'euros, dont 10,5 milliards d'euros en numéraire, et le contrôle à 46% de la nouvelle entité.

Comme chez Numericable, on promet chez Bouygues une attention particulière sur les conséquences pour l'emploi et l'absence de plan de licenciements directs. La nouvelle structure constituée pourrait ensuite rapidement entrer en bourse.

Bouygues Telecom est déjà engagé dans un processus de mutualisation des infrastructures avec SFR et là où il était assuré que les deux entreprises garderaient leur indépendance et resteraient concurrentes, c'est maintenant un projet de fusion qui est proposé, ce qui risque de coincer du côté des régulateurs et autorités, avec un retour rapide à un marché à trois acteurs. Les réticences pourraient par ailleurs être nationales mais aussi européennes. Le soutien du gouvernement serait donc un atout de poids, d'où un lobbyisme intense ces derniers jours.

Mais le groupe Bouygues n'a pas non plus tellement le choix. En laissant SFR et Numericable se rapprocher sans mot dire, il prendrait le risque de voir Bouygues Telecom, déjà malmené, encore plus isolé sur le marché et peut-être contraint de se rapprocher de Free Mobile pour survivre à long terme, option possible mais qui n'enchante clairement pas Martin Bouygues.