Dans l'affaire de la réalité du fonctionnement du réseau Free Mobile, selon laquelle le nouvel entrant n'aurait pas réellement la couverture mobile de 27% indispensable pour activer l'accord d'itinérance 3G avec Orange, l'Arcep, régulateur des télécom, est de plus en plus pointée du doigt.

Si elle a vérifié l'état de la couverture en décembre 2011, avant le lancement de l'offre mobile, les opérateurs ont mis en doute la pertinence de la méthode de l'Autorité, quasiment accusée de s'être fait rouler. La critique n'est pas apparue directement mais petit à petit, sous forme d'insinuations.

Il y a d'abord eu les huissiers envoyés vérifier si les installations Free Mobile sont réellement en fonctionnement. Il y a eu ensuite plusieurs commentaires affirmant presque explicitement qu'il n'est pas si difficile de duper l'Autorité en activant les installations avant l'arrivée des inspecteurs pour les débrancher ensuite.

Et si Xavier Niel a accusé Bouygues Telecom d'avoir envoyé des huissiers vérifier ses installations, le journal Les Echos affirme qu'il n'est pas le seul : SFR aurait mené six campagnes d'inspection dans cinq villes, avec plusieurs milliers de relevés à la clé et une conclusion jugée accablante : l'essentiel du trafic passerait uniquement par le réseau Orange ( à plus de 80% ).

SFR aurait trouvé une exception dans l'une des villes soumises à test, où les antennes Free fonctionneraient bien mais avec un taux d'échec des appels largement supérieur à la normale. Autrement dit, le réseau Free Mobile ne fonctionnerait pas correctement, expliquant un basculement massif vers Orange.


Pression sur l'Arcep

Fort de ces constatations, SFR aurait donc envoyé un courrier à l'Arcep pour l'inciter à prendre toutes les précautions nécessaires pour sa prochaine vérification, décidée la semaine dernière, et éviter toute fraude ( sous-entendu : comme en décembre ? )

Ce n'est toujours pas une accusation officielle contre Free ( sans quoi SFR aurait saisi l'Arcep ) mais l'Autorité est désormais clairement mise sous pression, après le courrier d'Eric Besson demandant la vérification de la couverture de Free Mobile, donnant l'impression un ordre à l'Autorité indépendante, alors qu'elle avait déjà pris cette décision avant son intervention.

Il faut avouer que les déclarations vagues de Xavier Niel à l'Assemblée Nationale ( oui, le réseau fonctionne mais oui, certaines zones de la petite couverture de Free Mobile, comme Paris, sont mal desservies ) comme celles de Stéphane Richard, PDG de France Télécom-Orange, sur l'accord d'itinérance 3G ( pas de précisions sur la proportion du trafic de Free Mobile supportée par le réseau Orange ) ne sont pas forcément faites pour calmer les soupçons...

Source : Les Echos