En choisissant Numericable pour racheter l'opérateur SFR, le groupe Vivendi est resté sourd aux fortes sollicitations du groupe Bouygues qui a fait d'énormes efforts durant tout le mois de mars pour faire des propositions alternatives.

Vivendi logo  Malgré une offre en numéraire supérieure et des soutiens financiers, ainsi que des engagements sur le versement d'importantes pénalités si le dossier avait été bloqué par les régulateurs, le conseil de surveillance est restée sur sa première option du groupe Altice / Numericable.

Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance, est revenu sur les enjeux autour de cette décision dans un entretien donné au journal Les Echos et sur les raisons qui ont écarté Bouygues. Avant tout, il met en doute, comme depuis le début, la "faisabilité de l'opération".


D'inévitables contraintes de régulation
En constituant un groupe représentant 47% de part de marché en valeur dans le mobile, Bouygues ne pouvait éviter les problèmes de concurrence et de régulation, et ce malgré la proposition de céder son réseau d'antennes à Free, même s'il suggère qu'il aurait fallu aussi céder la base de clients, ce que Bouygues n'était pas prêt à faire.

Jean-René Fourtou suggère aussi que la pénalité de 500 millions d'euros proposée par Bouygues en cas d'échec du projet de fusion (la fameuse "arme secrète") n'était pas suffisante et que pour emporter l'adhésion du conseil de Vivendi, il aurait peut-être fallu proposer 15 milliards d'euros en numéraire (Bouygues est monté jusqu'à un peu plus de 13 milliards d'euros), avec l'assurance que les risques concurrentiels restaient à sa charge.

La question de l'emploi a aussi pesé dans la balance, avec le problème des doublons entre SFR et Bouygues, et qui sont moindres dans le cas d'une alliance avec Numericable. Malgré les engagements de maintien des emplois, la situation aurait été compliquée, "avec 4000 à 6000 personnes en trop".


Convergence fixe-mobile : l'Eldorado

La thématique de convergence fixe-mobile proposée par Altice-Numericable a paru plus pertinente et porteuse de croissance : "l'avenir, c'est le rapprochement du câble et du mobile", indique Jean-René Fourtou, et le groupe Vivendi conservera 20% de contrôle sur la nouvelle entité, signe de confiance dans son succès.

Patrick Drahi, président d'Altice, a également joué de ce qu'il sait faire de mieux : bâtir un montage financier convaincant, et ce dès le mois de février au moment des premières approches.

Le président du conseil de Vivendi estime enfin que la cession de SFR à Numericable ne mettra pas fin à l'accord de mutualisation entre SFR et Bouygues Telecom. Quant aux insinuations sur les conflits d'intérêt au sein du conseil, Jean-René Fourtou indique avoir porté plainte pour diffamation contre Mediapart et le Nouvel Observateur.

Source : Les Echos