Sortira ' Sortira pas ' Du moins en 2006, car il ne fait bien entendu aucun doute que Sony commercialisera bien sa future PlayStation 3. Un jour...

Le feuilleton commencerait presque à prendre une tournure comique, si les sommes en jeu (c'est le cas de le dire) n'étaient aussi colossales : Sony se dit prêt, "sous certaines conditions", à lancer sa future console de jeu PlayStation 3 avant la fin de l'année sur les principaux marchés visés, à savoir le Japon, l'Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, l'Europe. Pourtant, nombreux sont les analystes financiers qui pensent que le géant nippon pourrait être obligé de différer ce lancement, et ils brandissent des arguments difficilement contestables.

Tout commence lorsque la branche japonaise de Merrill Lynch, le célèbre établissement financier américain, laisse entendre que Sony pourrait ne pas respecter son plan de charge. Hitoshi Kuriyama, un des analystes de ML Japan, estime qu'un délai supplémentaire de six à douze mois serait nécessaire à Sony pour être totalement prêt, et ce point de vue est entièrement supporté par Merrill Lynch San Francisco, qui met en avant les coûts très élevés de fabrication de la future PS 3 : le processeur Cell, conçu en collaboration avec IBM et Toshiba, coûterait à lui tout seul 230 dollars US par unité à Sony ; lorsqu'on y ajoute le lecteur de DVD BluRay, dont la firme nippone s'est faite le champion (350 dollars US pièce), et quelques autres composants que Sony a choisi chers afin de s'assurer des prestations globale de haut niveau, on arrive à un total de 900 dollars US par console !

Alors certes, vendre une nouvelle console de jeu à perte dans les premiers mois de sa commercialisation n'est pas une nouveauté, et les fabricants rentrent en général dans leurs frais assez rapidement, mais la conjoncture étant ce qu'elle est, avec de tels coûts, Sony pourrait ne pas toucher un centime sur la vente de sa PS 3 pendant au moins trois ans.

En fait, Sony fait probablement le calcul suivant : restreindre la fabrication de la PlayStation 3 à deux ou trois millions d'exemplaires en 2006, soit tout juste de quoi amorcer sa commercialisation au Japon, afin de limiter ses pertes, que l'on devine colossales, dans la mesure où, malgré son contenu technique intéressant, cette PS 3 ne pourrait décemment pas s'afficher à un prix beaucoup plus élevé que, allez, au hasard, la XBox 360 d'un certain Microsoft. Si l'on ajoute à ce qui précède le fait que les exercices fiscaux, au Japon, se concluent le plus souvent à la fin du premier trimestre de l'année civile--et c'est le cas pour Sony--, on comprend que le géant japonais ne soit pas vraiment pressé de lancer cette console qui va lui coûter la peau des yeux de la tête...

Une amorce de retournement devrait s'opérer début 2007, date à laquelle le processeur Cell commencera à trouver d'autres débouchés, et deviendra de fait moins cher à fabriquer. Les mêmes analystes financiers qui jouent aujourd'hui les Cassandres estiment en effet qu'à partir de l'année prochaine, la somme des composants qui entrent dans la fabrication de la PlayStation 3 devrait baisser jusqu'à atteindre un niveau plus raisonnable, soit environ 320 dollars US par console.

Une chose est--pratiquement--sûre : Sony devrait s'exprimer sur la date de commercialisation de sa PS 3 en mars prochain, à l'occasion de la Game Developers Conference, qui aura lieu dans la belle ville de San José, en Californie, voire éventuellement en mai prochain, lors de l'édition 2006 de l'E3.

D'ici là, les paris sont ouverts...