Une quête ardente

Pour plusieurs joueurs, le studio Vanillaware est synonyme de qualité, en raison de ses jeux toujours très originaux et proposant une véritable pâte graphique qui fait la marque de fabrique de la société. Que se soit GrimGrimoire, Odin Sphere ou, plus récemment, Muramasa, il est toujours question d'une 2D impeccable et au chara-design massif qui ne plaira pas forcément à tout le monde. L'entreprise de George Kamitani travaillait depuis un certain temps sur le projet Dragon's Crown, puisqu'il était déjà dans les cartons en 1997, alors que le studio venait de sortir Princess Crown sur Saturn.

Il aura fallu attendre 2013 pour profiter de cette production, laquelle a coûté relativement cher mais qui est parvenue à trouver un éditeur auprès de la société Atlus. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un RPG japonais pur jus, mais bien d'un beat'em all en 2D qui reprend subtilement la recette de titres tels que Golden Axe et ce, tout en prenant soin d'agrémenter l'ensemble de quelques subtilités qui se révéleront particulièrement savoureuses après plusieurs heures de jeu.

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Concrètement, le titre baigne dans l'héroïc fantasy et le médiéval, nous permettant prioritairement de choisir un personnage parmi les six qui se vautrent autour de la table d'une taverne éclairée à la bougie. Chacun présente une classe bien à lui : le guerrier, idéal pour les novices, l'amazone, le mage, la sorcière, l'elfe et le nain. Le choix du début ne sera pas définitif, puisqu'il sera possible de concevoir d'autres avatars lorsqu'on le souhaite dans le jeu, afin de pouvoir tester les différentes capacité de chacun. Classe oblige, chaque protagoniste dispose de ses propres attaques, pouvoirs et combos. Aussi, il se montre intéressant de tous les tester bien que, fort malheureusement, la progression dans le scénario se montrera stricto sensu identique dans tous les cas de figure. Dommage, nous aurions bien apprécié le fait de profiter de divers embranchements, découlant sur des fins différentes.

L'intérêt de Dragon's Crown ne se mesure pas dans les premières minutes de jeu, quand bien même elles se révèlent intéressantes. En effet, il est question de suivre une progression plutôt linéaire, régie par les PNJ que vous rencontrerez dans l'unique ville du jeu. Dans la majeure partie des cas, il conviendra de se rendre à la guilde pour accepter des quêtes auprès du puissant chevalier Samuel, ou de faire un tour au château pour procéder à des aventures plus importantes. Les déplacements dans la cité s'effectue à la manière d'un Valkyrie Profile, à savoir sur un plan en 2D, avec la possibilité d'entrer dans diverses zones telles que la taverne ( pour gérer son équipe ), la tour du sorcier, la boutique de la magicienne ( permettant également de réparer son équipement ), ou encore l'église. Cette dernière permet de prier pour s'octroyer des faveurs en combat, mais l'homme de foi peut aussi ressusciter des combattants décédés, si toutefois vous récupérez les ossements dans les différents niveaux du jeu.

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Encore une fois, ce système fait largement penser à Valkyrie Profile, d'autant plus que chaque mort est définitive ( à moins de payer plutôt cher leur récupération ). Toutefois – et contrairement à la série de Square Enix – les ossements sont très nombreux et reviennent à chaque fois que l'on retourne dans un niveau déjà visité. Aussi, le choix sera d'autant plus libre et la frustration absente, surtout que nous récupérons des combattants de plus en plus fort au fil du gain d'expérience.

Combos et loots en folie

Comme tout bon beat'em all 2D qui se respecte, Dragon's Crown offre une progression horizontale, avec toutefois une petite gestion de la profondeur. Les combats se montrent relativement nerveux et les combos suffisamment variés pour éviter une certaine redondance. Un coup normal est effectif, mais également une capacité spéciale à déclencher à son aise, mais qui ne peut pas être spammé pour autant. Par exemple, le coup spécial de l'amazone lui fait perdre son arme l'espace de quelques seconde.

Petit clin d'oeil à Golden Axe, certains niveaux permettent d'utiliser des animaux tels que des dinosaures comme monture, permettant un léger avantage sur l'ennemi. En cours de quête, vous serez suivi par un maître voleur qui s'assurera de vous aider à récupérer le loot, mais se montrera également indispensable dans le crochetage de coffres et autres portes, permettant d'accéder à des zones secrètes et à récupérer un maximum de trésors, dont des armes temporaires à base d'arbalètes, torches et autres bombes. Le fait de fouiller chaque niveau a un réel intérêt, pour finaliser certaines quêtes optionnelles de la guilde ( permettant d'accéder à des artworks de toute beauté ), mais également dans le but de décrocher un bon rang. En effet, la fin d'une aventure se conclut par un écran de résultat et l'accès aux loots trouvés par le voleur. Ces trésors se composent d'armes et équipements de défense. Toutefois, il est nécessaire de les identifier pour les acquérir, ce qui coûte évidemment un certain volume d'or. Aussi, dans un souci d'économie, il sera souvent nécessaire de faire un choix au jugé sur les équipements que l'on souhaite identifier et de vendre le reste des trouvailles. Soulignons le fait que les armes et équipements sont générés aléatoirement, proposant ainsi un nombre illimité de combinaisons possibles.

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En fin de niveau, il est également question de faire grimper son expérience, gérée par le biais de niveaux. Chaque pallier passé permet d'améliorer automatiquement les statistiques de son personnage ( force, vitalité, etc ), permettant de ce fait de pouvoir poursuivre l'histoire sans être fortement puni par des ennemis et boss trop puissants. Lorsque vous reviendrez à la guilde pour valider les quêtes rondement menées, vous pourrez également utiliser vos points de compétence acquis pour améliorer l'efficacité de vos attaques de classe, ou les statistiques générales telles que la vitalité, le gain d'or, etc. Se calquant sur les principes des anciens RPG japonais, il faudra, passé un certain cap dans l'aventure, refaire plusieurs fois les niveaux, dans l'optique de faire une levée de niveau suffisante pour faire face à la suite de l'aventure. En effet, à un certain moment, vous aurez le choix d'effectuer deux embranchements dans chacun des lieux déjà fréquentés, se clôturant par un boss plutôt coriace. Et pour cela, il sera utile de s'accompagner d'alliés suffisamment puissants pour vous aider à la tâche.

Il est possible de paramétrer des alliés suivant les ossements trouvés et ressuscités, mais il ne faudra pas malheureusement pas compter sur une intelligence artificielle de qualité, puisqu'elle tombe souvent dans les pièges. Toutefois, le mode multijoueurs en ligne se débloque à un certain stade du jeu, permettant de rejoindre la partie d'un autre joueur ou d'ouvrir sa propre quête à des amis ou tout autre gamer en ligne. Au total, c'est jusqu'à trois joueurs qui pourront fracasser du monstre à la volée dans une même partie en ligne, quand bien même la possibilité est également ouverte en local et ce, dès le début du jeu. Cette aide ne sera pas de trop, au vu de la férocité de certains boss. Vos quêtes peuvent alors prendre la forme d'un simili-survival, puisqu'il est possible d'enchaîner les niveaux les uns après les autres, sans revenir à la ville. Il sera parfois question de faire une halte pour se nourrir, au travers d'un mini-jeu dans lequel il conviendra de mettre des aliments sur le feu et les servir au bon moment dans les gamelles, dans l'optique de booster les statistiques des personnages.

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Enfin, il est important de noter qu'un curseur peut être piloté à tout moment dans le jeu. Il permet de fouiller les décors pour y trouver des pièces et autres trésors, mais aussi d'utiliser des runes. Ces dernières seront à utiliser plus tard dans le jeu et nécessitent une combinaison pour déclencher un pouvoir et ainsi bénéficier d'un avantage l'espace de quelques secondes sur tous les héros. Si l'intention est intéressante, l'usage de ce curseur devient rapidement pénible au stick analogique, en raison d'un manque d'ergonomie et assurant un côté plus confus à l'exploration. Par ailleurs, le fait de jouer à plusieurs dans un même niveau nous place devant un problème important : l'illisibilité. En effet, l'effusion de coups et d'effets visuels fera souvent perdre de vue votre personnage, ce qui se révèle particulièrement agaçant.

Fidèle à son studio

Vous l'aurez compris, Dragon's Crown mélange activement le beat'em all à l'ancienne avec des attributs propres aux RPG japonais. S'il manque cruellement d'un scénario très développé, le titre laisse la part belle au gameplay, sublimé par une réalisation très soignée. En effet, le studio Vanillaware nous habitue à des productions 2D digne des plus beaux artworks. Les fans des jeux de Kamitani ne seront pas dépaysés avec ce nouveau jeu, assurant des couleurs chatoyantes, jouant sur des petits détails animés avec brio. Le chara-design se montre identique aux anciennes productions du studio, n'hésitant pas à proposer des personnages parfois massifs. Cela ne plaira pas à tout le monde, mais il est clair que ça ne dénote pas non plus avec l'atmosphère générale du jeu.

Sur le plan graphique, la bande sonore est signée par Hitoshi Sakimoto, compositeur très apprécié qui a déjà travaillé sur Final Fantasy XII, mais aussi les précédentes productions de Vanillaware. Les thèmes sont, pour une majeure partie, splendide, avec un point d'honneur à celui de la ville principale, médiévale à souhait. Autant dire que Dragon's Crown propose une véritable immersion visuelle et auditive, permettant d'oublier quelque peu le scénario que l'on aurait apprécié plus approfondi.

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Précisons également que le jeu se veut cross play, signifiant que les joueurs sur PS Vita peuvent rejoindre ceux sur PS3, et vice-versa. Sur la console portable de Sony, le framerate tient largement la route, mais la PS Vita atteint plus rapidement ses limites dans le cas d'écrans surchargés d'effets visuels.

Pouvant malheureusement passer inaperçu, Dragon's Crown est un titre de très bonne facture, que tout amateur de RPG japonais et de beat'em all se doivent de tester. Le dernier né du studio Vanillaware assure une nouvelle fois une réalisation graphique et sonore à la fois originale et immersive, servant une ambiance héroïc fantasy savoureuse. La prise en main du jeu est immédiate, bien que le titre ne soit pas traduit en français. Seule l'usage du curseur pour trouver des trésors, donner des actions au voleur ou utiliser les runes se montre plutôt pénible, au même titre que le côté brouillon des combats lorsqu'on est quatre à jouer sur un même écran. Avec son côté multijoueurs en local et en ligne, ainsi que les fortes doses de levelling à assurer, Dragon's Crown jouit d'une bonne durée de vie.

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+ Les plus

  • Réalisation graphique impeccable
  • Superbes musiques
  • Le mélange beat'em all / RPG
  • Multijoueurs jusqu'à quatre en local et en ligne
  • Très bonne durée de vie et rejouabilité
  • Level design varié

- Les moins

  • Combats brouillons à plusieurs
  • Pas de traduction française
  • Utilisation du curseur peu ergonomique
  • l'IA alliée basique
  • Scénario peu travaillé