Une hésitante fondation

Malheureusement, on ne peut pas dire que les ambitions du studio de développement aient été à la hauteur du résulta, le jeu étant trop confronté à de nombreux soucis techniques empêchant véritablement le titre de s’en sortir correctement. Pourtant l’ensemble bénéficie d’un scénario recherché et pour le moins intéressant, bien que certaines parties soit un peu plus fantaisistes que les autres.

Cette fantaisie a été cependant désirée du début à la fin puisqu’ Hard to be a God s’inspire directement du roman éponyme des frères Strougatsky connus pour leurs écrits fictifs. On y incarnera un fils illégitime d’une femme terrienne et d’un noble arcanien ayant intégré les services de renseignements médiévaux pour dissimuler son identité biologique.

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Et cette dernière va ressurgir progressivement pour enfin s’imposer d’elle-même. Doté d’une interface graphique vétuste, le jeu se montre aux premiers abords excessivement basique dans la forme en nous proposant trop peu de réglages techniques et une lisibilité limitée. Dans le fond, on ne peut pas non plus dire que le jeu soit un exemple en la matière.

Ce dernier ne nous introduit aucunement la trame scénaristique qu’il faudra assimiler au travers du manuel du jeu ou tout simplement en y jouant. Cette faute prématurée a le mauvais goût de persister dans l’esprit du joueur qui ne se sentira impliqué ni même bouleversé par cet ensemble et ce dès les premières secondes de jeu.

Traditionnel concept

Il aurait été judicieux d’y adjoindre une cinématique ou encore une introduction en forme de tutorial, au lieu de cela ce fameux tutorial ne nous apprend qu’à nous battre ce qui n’est pas foncièrement mauvais. Mais dans un RPG l’histoire prend beaucoup plus d’importance qu’un simple jeu d’action, en ce sens les développeurs auraient dû en prendre compte et la valoriser.

Une fois la faute commise, le joueur ne peut que partir du mauvais pied et s’attendre à de nouvelles déceptions, et il en aura souvent l’occasion croyez moi. Les contrôles sont relativement simples et tirent entièrement partie du combo clavier/souris en venant imiter l’excellent The Witcher qui nous place dans une perspective à la troisième personne, tout du moins la vue par défaut.

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Les mécanismes de jeu sont là encore très traditionnels et s’inspirent des actuels RPG. Ainsi notre héros devra accomplir des quêtes et tuer des ennemis afin d’amasser des points d’expérience ainsi que de nouveaux objets. L’expérience acquise permet au joueur de gagner en niveau et donc d’accéder à de nouvelles compétences qui sont à vrai dire limitées.

Augmenter la force de frappe, sa capacité à soigner les blessures ou encore à négocier avec un marchand sont des exemples parmi cette liste de huit compétences, vous avez bien lu seulement huit. Il existe cependant douze compétences spéciales attribuées aux armes, celles-ci nous permettent d’augmenter substantiellement notre pouvoir destructeur au prix d’une endurance écourtée.

Un RPG peu profond

Comme le jeu ne comporte ni magie ni incantation, les développeurs ont fait appel à une barre d’endurance pour limiter l’aspect hack’n slash et introduire un soupçon de stratégie. Une tentative qui se solde par un puisant échec tant les combats manquent réellement de dynamisme et sont dramatiquement irréalistes dans leur comportement.

L’ensemble des protagonistes du jeu bénéficient de mouvements ralentis et je pèse mes mots, véritablement ralentis dans le temps au point même que l’on viendra à se demander si ce n’est pas le jeu qui est sujet à de forts ralentissements. Mais à plus de 80 images par seconde et des mouvements toujours aussi décomposés, nous avons la confirmation que cette lenteur provient effectivement des animations.

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Tout cela se répercute inévitablement sur les combats qui sont d’une intensité sans égal.  On notera aussi le comportement anecdotique des ennemis, notamment des archers qui ne savent que faire dès lors qu’on les pourchasse et tracent littéralement des ronds sur le sol, je ne plaisante pas ! Une autre problématique concerne la précision de ces mêmes archers qui se montre presque chirurgicale dans un monde médiéval parsemé d’incertitudes.

Toute la difficulté du jeu réside alors dans cette imposante lenteur que le joueur pourra briser à l’aide de trois différents type de coups, normal, puissant et au sol. Seuls les deux premiers se montrent d’une grande utilité, en marge des coups spéciaux indispensables eux au même titre que le cheval.

Nombreuses sont les erreurs

Hard to be a God nous offre effectivement la possibilité de combattre à cheval et il s’agit d’après moi de l’entité la plus utile du jeu. Le cheval nous confère un bonus de dommage et double de façon immédiate la puissance de nos coups ce qui nous rend indubitablement supérieur. Mais son exceptionnelle mobilité lui permet aussi de se faufiler à travers nos ennemis et donne un coup de fouet aux combats.

Pour terminer, notre malheureux cheval aura la bonté d’absorber l’ensemble des dégâts que nous pourrons subir  y compris lorsque nous sommes directement visés. Il m’est d’ailleurs arrivé de recevoir une dizaine de flèches dans la tête sans pour autant être blessé, et c’est très étrangement mon fidèle compagnon de route qui a dû payer la lourde addition.

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Je vous le disais plus haut, l’expérience acquise sert effectivement à améliorer notre héros au travers de l’attribution des points de compétence mais nous permet aussi de gagner en rang. Ces rangs nous donnent le droit d’utiliser du matériel plus sophistiqué et donc efficace, et c’est la seule chose que ces rangs ou niveaux nous offrent.

Pas question de nous conférer des bonus de force ni même de nous spécialiser dans un tel domaine martial, par conséquent peu de choses séparent un héros de niveau 1 et de niveau 145 hormis les nombreux points qu’il aura à sa disposition, là encore la dimension RPG perd de son sens en ne rendant guère utile le leveling pourtant cher à de nombreux RPG.

Douteuse finition

Les quêtes secondaires sont un peu nombreuses et surtout dénuées d’un intérêt immédiat dans le sens où elles ne nous donnent point accès à un matériel de qualité supérieur. Quant à leur déroulement il s’agira très souvent de massacrer des gens, de collecter des objets ou encore de sauver des innocents, rien de bien transcendant.

La trame scénaristique est très intelligemment organisée de façon à s’enchaîner rapidement, car avec des quêtes secondaires aussi insignifiantes le joueur aura vite fait d’aligner les quêtes principales qui sont elles plus intéressantes. Certaines s’apparentent plus à des quêtes secondaires qu’à autre chose et le fait de les placer dans un indispensable cadre augmente artificiellement la durée de vie du jeu.

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Cette dernière présente il est vrai de nombreuses qualités, mais la façon dont le jeu la met en valeur et nous conte les événements ne font qu’aggraver la situation tant la mise en scène manque de professionnalisme et ne guide un minimum le joueur qui devra faire face à des visions spontanées ainsi qu’à l’arrivée très soudaine de technologies militaires.

Après avoir utilisé durant trois quarts du temps de vielles épées et d’encombrantes armures voilà que des armes du futur se mettent à apparaître dans le repère de notre héros qui abrite aussi une terminal de commandes, un ordinateur portable et des sortes de générateurs électriques. Malheureusement ces armes futuristes n’ont guère le temps d’être exploitées et on pourra là aussi reprocher au jeu de ne pas avoir offert au joueur le choix de les utiliser plus tôt.

Des difficultés bien réelles

En enchaînant approximativement huit heures de jeu, nous pouvons enfin mettre la main sur un rail-gun, lance-grenades, lance-flammes et même une nano-combinaison, de quoi réjouir les bourrins d’entre nous. Malgré tous ces mauvais points, Burut a su mettre en avant une dimension vestimentaire que peu de jeux exploitent actuellement.

Selon les vêtements portés par le héros, ce dernier peut évoluer librement et sans se faire attaquer parmi des sociétés différentes allant des bandits de bas étage à la noblesse royale en passant par les castes religieuses. Ce mécanisme est d’ailleurs longuement mis à contribution dans le jeu afin de permettre d’éviter d’innombrables combats et des massacres inutiles.

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Le moteur graphique se montre honnête et fait cependant part de très grandes imprécisions texturales touchant l’ensemble des modèles et des environnements. Les quelques efforts fait par les graphistes sont rapidement oubliés au profit d’intempestives saccades rendant parfois le jeu injouable.

D’un niveau sonore, les développeurs ont effectué le strict minimum aussi bien au niveau des bruitages que des thèmes sonores. Si leur réalisation reste correcte, on ne pourra pas en dire autant de leur diversité qui aura vite fait de lasser le joueur.

Basique, trop basique

Au final, Hard to be a God possède sur papier des qualités conceptuelles et scénaristiques relativement bonnes. Cependant, l’optimisation et la finalisation du jeu ne leur permettent aucunement de s’exprimer et le concept se tient à un simple enchaînement de missions diverses et variées.

De plus, celui-ci manque d’une certaine profondeur de jeu en ne venant qu’attaquer la couche superficielle des RPG. A un prix approximatif de 45 euros, le joueur raisonnable aura vite fait le compte et je ne pourrais que lui conseiller de se procurer The Witcher (consultez notre test) qui à un prix similaire se montre beaucoup plus passionnant et vaut véritablement le coup.

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Pour les joueurs ayant eu la malchance de se le procurer, ces derniers devront se contenter d’un original scénario à terminer le plus vite possible, avant pourquoi pas de s’essayer au titre de CDProjekt dont la réputation n’est plus à faire.

De bonnes intentions et une trop grande incomplétude font d’Hard to be a God un jeu moyennement sympathique qui se démarque effectivement sur deux, trois points, mais le reste ne suit incontestablement pas la norme vidéoludique, dommage…

Hard to be a God
est disponible à l'achat à partir de 44,99€.

+ Les plus

  • Durée de vie honnête
  • Scénario intéressant

- Les moins

  • Très incomplet et pas assez optimisé
  • Gameplay indigne des RPG
  • Missions annexes désuètes