Une intrigue inédite intéressante

Lost : Les Disparus repose sur un personnage inédit, Elliot Maslow, inconnu de la série télévisuelle. D'emblée, la surprise est bonne puisque son character design est très soigné et son visage suffisamment différent des protagonistes principaux pour qu'on le perçoive comme un être singulier. A travers lui, tout le scénario se dessine. De quelle manière ? A travers des flashbacks et un réel travail de reconstitution des souvenirs de sa part.


En effet, comme vous le savez peut-être, toutes les personnes à bord de l'avion ont perdu leur mémoire et ne savent plus vraiment qui ils sont. C'est ainsi le cas de notre cher "héros" dont on apprend très vite qu'il a été photographe. L'aspect fantastique pointe le bout de son nez lorsque les apparitions débutent. Elliot remarque qu'une femme, au visage tâché de sang, le suit tel un fantôme. De ce constat, le joueur-spectateur comprend très vite que la culpabilité entrera en jeu au fil du périple et que de nombreuses zones d'ombre seront à éclaircir.


Au final cette intrigue très simpliste est sauvée par ce personnage assez riche et complexe pour éprouver différentes émotions à son sujet. De la colère à la compréhension, tout y est pour avoir envie de fouiller toujours plus dans ses souvenirs afin de détenir la vérité et peut-être s'échapper de cette diablesse d'île. Toutefois, il ne faudra pas s'attendre à ce que le soft délivre des informations inédites qui pourraient enrichir celles détenues depuis la première saison. De plus, Ubisoft ne perd pas son temps à réexpliquer ce qui a déjà été détaillé dans le petit écran. En conséquence, malgré des qualités vidéoludiques, il s'adresse à ceux qui ont déjà connaissance du phénomène.

Rythme et diversité

Une fois que l'on a en tête l'histoire de la série, Lost devient une aventure de qualité en tant que jeu vidéo. Le titre se décompose en plusieurs chapitres. Au début de chacun s'affiche, pour le plus grand plaisir des fans, le logo Lost et la phrase, annoncée par une voix au timbre grave, "Précédemment dans Lost". S'enclenche alors un petit montage qui essaye de résumer les quelques péripéties vécues depuis le début de l'aventure. L'idée est bonne et très efficace.


Pour ce qui est du jeu en lui-même, le gameplay est classique mais varié. En premier lieu, il y a ce que l'on appelle des scènes d'exploration. Pour la plupart, elles se déroulent sur la plage. Il s'agit en gros de trouver des objets ou d'aller parler à des personnages précis. Certains d'entre eux, comme Charlie et Sawyer, proposeront même de faire des échanges d'objets, parfois indispensables pour espérer connaître le chapitre suivant. Ces scènes d'exploration sont également présentes au sein de la jungle de l'île. Certaines seront d'ailleurs plutôt oppressantes. En effet, la traversée de la forêt en abritant une dynamite dans le dos et en devant éviter la fumée noire qui fait son tour de garde nécessite de la concentration. Les traversées de grottes avec comme unique instrument une torche en bois enflammée ne mettent pas non plus particulièrement à l'aise, surtout quand l'univers sonore fait son travail, à défaut d'être percutant.

La seconde partie importante du soft est destinée aux séquences de résolution d'énigmes. La durée de vie, qui varie de quatre à six heures, dépendra d'ailleurs de la perspicacité à les résoudre. Dans l'ensemble, ces dernières sont plutôt ludiques et bien intégrées au jeu. Mention spéciale pour la scène de l'ordinateur qui se déroule dans le bunker, sans doute la meilleure intégration de ces scènes. Pour finir, diverses phases pimentent un peu l'histoire : que ce soit l'usage à deux reprises du pistolet ou des deux courses où Elliot doit courir le plus vite possible. Toutes deux s'avèrent plaisantes à jouer et permettent de ne pas faire tomber le jeu dans le piège de la répétitivité. De plus, elles sont servies par un moteur graphique, certes inégal, mais à certains moments impressionnantes de beauté.


Il est également important de noter que dans ces deux grandes parties s'intègrent des flashbacks où Elliot cherchera, muni de son appareil photo, à retrouver la mémoire. L'idée est plaisante mais le principe est sans doute trop simple : il suffit de bien regarder la photo déchirée qui s'affiche  à l'écran avant le flashback pour comprendre quand il faudra appuyer sur le bouton afin d'obtenir l'image qui fera avancer notre héros dans la quête de ses souvenirs.


Beau mais inégal

Quand on lance le jeu Lost, on ne s'attend pas à une telle surprise graphique et esthétique. En effet, on pense au fait que c'est une adaptation réalisée pour le milieu des jeux vidéo, ce qui est loin d'être bon signe. Mais soudain, le nom d'Ubisoft revient à l'esprit, Ubisoft Canada même, le studio de développement chargé à l'heure actuelle de Far Cry 2 (preview ici) et qui a récemment proposé Assassin's Creed (test ici). Dès les premières minutes, la déception est malheureusement de mise...


Cette mouture PS3 affiche un aliasing regrettable et possède surtout des problèmes d'affichage des textures qui nuisent à l'immersion. Les herbes de la jungle apparaissent continuellement à chaque pas et certaines cinématiques n'ont clairement pas été finalisées. Cette impression négative s'accentue lorsque l'on rencontre les personnages de la série. Si certains sont mieux réussis que d'autres (Sayid par exemple), d'autres sont de véritables catastrophes (Kate, Sawyer ou encore Desmond méconnaissable). Cependant, ce sentiment est vite contrebalancé par des atouts graphiques indéniables.

En premier lieu, la modélisation de la jungle est très impressionnante. Que ce soit sa crédibilité générale, ses petits ruisseaux qui peuvent la parsemer ou encore ses effets de lumière saisissants, la surprise est présente et l'on s'étonne à se dire par moments : "Uncharted ne faisait pas mieux !" (test ici). Certes, la qualité de l'eau n'atteint pas le réalisme du jeu de Naughty Dog mais l'ensemble est plus plaisant, plus attachant sans doute. Les artistes de Ubisoft Canada ont fait un travail remarquable à certains endroits. Les intérieurs ont par contre bénéficié de moins de soin et les next gen sont clairement sous exploitées.


Malgré ces soucis techniques, Lost : Les Disparus laisse une impression positive sur le plan technique. Certaines images, réellement belles, restent dans l'esprit et l'on se plaît à revenir sur la plage pour découvrir une nouvelle fois le campement et ses ombres travaillées, son soleil accueillant et sa mer qui s'étend à perte de vue. Pas de doute là-dessus, le studio canadien est arrivé à retranscrire en partie le charme qui agissait dans le petit écran. Dommage que ce travail n'ait pas été poussé davantage...

Conclusion

En définitive, Ubisoft Canada aurait pu aller tellement plus loin dans son adaptation. Il aurait déjà pu supprimer des soucis techniques fâcheux et optimiser son jeu sur certains domaines. En ressort ainsi un titre acceptable qui réserve de vraies bonnes surprises et qui est sauvé par sa construction audacieuse, sa fidélité à la série mais aussi par son rythme travaillé. L'aventure est courte mais se dévore d'une traite ! A quand un Lost 2, plus complexe sous toutes ses formes ?

Lost jaquette int

Lost : Les Disparus est disponible dans sa version PS3 à partir de 42, 95€.

+ Les plus

  • Des passages graphiquement très beaux
  • Un personnage attachant
  • Une fidélité à la série
  • Une diversité et un rythme de jeu travaillés

- Les moins

  • De gros soucis techniques
  • Un scénario décevant
  • Un gameplay trop simple
  • Aucune révélation inédite