Seul au monde

L’état actuel du jeu vidéo repose à la fois sur des mécaniques remixées à loisir dans des franchises parfois essorées, mais aussi sur certaines initiatives – généralement issues de studios de développement indépendants – plus originales dans leur concept. C’est le cas de No Man’s Sky, production du studio britannique Hello Games qui a bénéficié d’une superbe exposition en amont de son lancement à l’aide de l’éditeur Sony Computer Entertainment. Optant pour un titre entièrement basé sur la génération procédurale, le soft est resté une énigme pour beaucoup de joueurs, ces derniers se demandant s’il s’agissait véritablement d’un jeu vidéo ou d’une forme d’expérience contemplative. Ce parti pris plutôt risqué a toutefois suscité une forme de curiosité, au fur et à mesure des révélations effectuées par Sean Murray et son studio.

Désormais disponible, No Man’s Sky peut montrer ce qu’il a dans le ventre. Vantant la possibilité de visiter plusieurs milliards de planètes à l’image d’un explorateur spatial à l’appétit de découvertes insatiable, le titre touche à la fois les amateurs de science-fiction, mais aussi les joueurs qui cherchent une expérience différente, un gameplay émergeant et une durée de vie sans cesse renouvelée. Aussi, le bébé d’Hello Games avait de lourdes attentes, pouvant irrémédiablement décevoir si les promesses initiales ne sont pas tenues. Aussi, c’est avec une impatience non dissimulée que nous insérons la galette du jeu, prêt à en prendre plein les mirettes. L’impression de départ se révèle être un délice, puisque nous débutons sur une planète unique, prêt de notre vaisseau qui s’est visiblement écrasé. Accompagné d’une douce musique composée par 65daysofstatic, nous découvrons alors cet environnement aussi dépaysant qu’étendu, avant d'amorcer un premier objectif à accomplir pour progresser : réparer notre vaisseau de fortune.

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C’est donc avec une soif d’aventure que nous débutons le jeu, ce dernier étant particulièrement avare en tutoriel. Aussi, après avoir inspecté notre épave et pris note des différents éléments à réparer pour pouvoir décoller vers d’autres cieux, nous partons à la découverte de cette terre unique, à la recherche de ressources. Cela débute comme une expérience en solitaire, un plaisir égoïste dans un silence de plomb, laissant sous-entendre une expérience de jeu potentiellement incroyable. Et pourtant, le titre présente malgré tout des erreurs qui lui dont défaut, rapidement perceptibles et relativement frustrantes après une petite dizaine d’heures de jeu.

En effet, après avoir réparé notre vaisseau, bourlingué dans l’espace et avoir fait quelques bonds à l’aide de nos hyperpropulseurs, le constat est sans appel : la répétitivité est palpable. Pour autant, comme le jeu nous laisse nous débrouiller seul, nous cherchons si nous n’avons pas raté quelques mécaniques de gameplay : nous scannons les planètes à la recherches d’abris ou de terminaux de communication alien au milieu des hectares de plaines arides sujets à des tempêtes, de végétation luxuriante, voire des kilomètres d’eau dans lesquels des animaux au design parfois surprenant évoluent au hasard, sans réel but. D’une planète à une autre, le schéma demeure le même : rechercher des ressources, survivre au climat, aux animaux parfois farouches ( dont l’IA est aux fraises, occasionnant des glitches ) et aux sentinelles qui n’apprécieront pas que vous ratissiez les environs. Si le jeu mise énormément sur ses déplacements dans l’espace, nous passons le plus clair de notre temps à parcourir des étendues plus ou moins variées à l’aide de notre multi-outil qui dispose de deux modes d’usage : l’extraction de ressources et un fusil laser pour abattre les menaces. Si le titre s'oriente sur une vue subjective, nous sommes toutefois à des années lumière d’un FPS, le soft misant assez peu sur l’action ( et ce n’est pas plus mal, les sensations de tir sont mauvaises ).

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Nature et découvertes

Vous l’aurez compris, les bonnes idées de No Man’s Sky ne découlent pas sur un résultat toujours homogène. Malgré l’aspect répétitif et parfois creux de la progression de planète en planète et d’univers en univers, il est toujours intéressant de chercher de nouveaux décors, des environnements différents. Avec un peu de chance, il est possible de trouver des planètes très riches en faune et en flore, assurant de superbes panoramas. Les plus curieux pourront scanner tous les éléments et, ainsi, gagner un peu de crédits. D’autres iront à la recherche de créatures extraterrestres avec qui converser, voire marchander. Ces aliens disposent de leur propre dialecte et nécessite l’apprentissage de leur langue pour bien les comprendre. Pour cela, il sera possible de trouver des stèles qui nous dévoilent des mots de leur dictionnaire. La tâche est relativement longue, mais permet souvent de livrer les bonnes réponses ou d'effectuer les bonnes actions lors de leur rencontre.

L’aspect survie est bien présent, puisque chaque équipement que vous utilisez nécessite d’être constamment rechargé : les turbos et propulseurs de notre vaisseau, le carburant, notre combinaison de survie, le bouclier ou encore le multi-outil. De ce fait, tout pousse à jouer l’apprenti Minecraft, en récoltant les différentes ressources présentes dans le jeu : fer, plutonium, or, aluminium, carbone, tout est utile au fil de la progression. En effet, nous pourrons découvrir des recettes tout au long du jeu, permettant d’améliorer notre équipement et notre vaisseau. Un certain nombre de ressources seront nécessaires et il conviendra de traîner nos bottes un peu partout sur les planètes pour trouver et récolter ce qui est demandé. L’inventaire n’est pas illimité, bien au contraire, puisque des cases bien précises pourront stocker équipements et matières récoltées, à diviser entre la capacité de la combinaison et celle du vaisseau. De base, le stockage sera réduit, mais il sera possible d’améliorer la capacité de la combinaison via des terminaux dédiés à cet usant ( et coûtant de plus en plus de crédits ), tandis qu’il conviendra de trouver une nouvelle épave de vaisseau ou de troquer avec un autre pilote extraterrestre ( que l’on peut notamment trouver sur les bases spatiales ) pour gagner des slots en sus.

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Dans tous les cas, tout est une question de crédits. Pour faire grimper notre « compte en banque », toutes les solutions sont bonnes à prendre, mais il s’agira souvent de récolter des ressources et des les vendre aux comptoirs commerçants ou à d’autres voyageurs gérés par l’IA. La dimension commerce est plutôt bien bâtie, puisque les prix évoluent selon les lieux, permettant parfois de faire de jolis bénéfices. Dans tous les cas, certaines ressources telles que l’éméril seront salvatrices pour récolter un maximum de crédits sans y passer un temps fou. Au bout de plusieurs heures de jeu et quelques bribes scénaristiques découvertes au fil des sauts dans l’espace et au moyen de plusieurs lignes de textes, l’objectif réel du jeu se dessine : améliorer sans cesse nos équipements en récoltant et revendant le fruit de notre dur labeur. Dans les grandes lignes et outre l’exploration contemplative des premiers instants, No Man’s Sky nous incite rapidement à travailler à la chaîne pour avoir ce que l’on souhaite.

Ce constat est finalement assez dommage, d’autant plus qu’il est rébarbatif. Cela découle d’un manque de diversité et de profondeur en termes de progression et ce, malgré un système procédural initialement bien pensé mais finalement assez limité par des schémas de planètes qui se ressemblent toujours dans leur fond ( types de bâtiments identiques, ressources similaires, faune et flore qui ne varie qu'assez peu ). De ce fait, une forme de lassitude débarque et nous déçoit irrémédiablement, surtout après de fortes impressions en début de partie. Et ce n’est malheureusement pas avec les déplacements dans l’espace et à bord de notre vaisseau que le fun reviendra. Il sera plutôt question de se déplacer rapidement d’une planète à l’autre, en évitant tout combat avec des pirates. Ces derniers nous pourchasseront de temps à autres et après avoir effectué échangé quelques phases de dogfight mous et pénibles en matière de réactivité, nous préférerons les éviter comme la peste.

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Sky's the Limit

Si le constat de No Man’s Sky n’est pas aussi rutilant qu’espéré au stade actuel du test, il est important de souligner qu’en dépit de ses défauts, le soft demeure une expérience très intéressante, ne serait-ce que pour découvrir les premiers instants de jeu qui ouvrent la porte à de nombreuses possibilités. Ce n’est qu’après avoir écumé de nombreuses planètes que la monotonie se fait sentir, quand bien même l’aspect survie se veut convaincant avec la nécessité d’avoir sans cesse des ressources pour survivre aux climats parfois difficiles et aux ennemis farouches.

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Concernant la réalisation de No Man’s Sky, il est important de souligner que la patte artistique se veut particulièrement originale et globalement bien maîtrisée. Le moteur graphique, quant à lui, tousse souvent, occasionnant des baisses régulières de framerate. En conséquence, la fluidité n’est rarement optimale, d’autant plus que le clipping est omniprésent, notamment en cas de survol d’une planète avec notre vaisseau. Le calcul procédural étant toujours actif, ce constat est compréhensible, mais il est important de constater que certains éléments s’affichent bien tardivement à l’écran. Il est bien évidemment inutile de souligner le level-design, ce dernier variant selon les calculs du jeu, mais nous insistons sur des textures parfois relativement pauvres en matière de détail, largement révélé lors de nos excursions à pied. Si le soft se targue de bien dissimuler ses temps de chargement, force est de constater que quelques optimisations hasardeuses occasionnent parfois des plantages du jeu.

No Man's Sky (PS4)

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Reste l'aspect multijoueur du jeu qui demeure le grand absent de la production. Cette touche aurait pu permettre un regain d'intérêt sur le long terme, qu'il s'agisse de coopération pour récolter, commercer, voire effectuer des raids dans l'espace. En définitive, ce No Man's Sky se présente pour l'heure comme un trip solo d'abord ennivrant avant de devenir de plus en plus fade au fil des heures de jeu. Dommage.

+ Les plus

  • Premiers instants de jeu magiques
  • Jolie patte artistique
  • Atmosphère unique
  • Belle bande son
  • Génération procédurale globalement convaincante
  • Dimension de survie intéressante

- Les moins

  • Certaine répétitivité
  • Pas toujours très varié
  • Baisses de framerate, bugs, plantages sporadiques
  • Combats décevants à pied et dans l'espace